Un navire humanitaire avec à bord environ 800 migrants secourus en Méditerranée a demandé vendredi 5 novembre à l'Italie de lui octroyer un port sûr pour débarquer, au moment où les tentatives de traversées augmentent. La ministre italienne de l'Intérieur Luciana Lamorgese a appelé l'Union européenne à l'aide face à l'afflux de migrants, jeudi lors d'une rencontre à Rome avec le commissaire européen à la Justice Didier Reynders. Des appels à l'aide laissés sans réponse «En 48 heures à peine, notre équipage a sauvé plus de 800 personnes», a tweeté l'ONG allemande Sea-Eye dont le navire Sea-Eye 4 approchait vendredi de la Sicile. «Parmi les survivants il y a des enfants, des femmes enceintes et des personnes blessées». «Pour tous, il faut mettre fin immédiatement à la situation exceptionnelle à bord. Nous avons besoin d'un port sûr!», poursuit l'ONG. Le Sea-Eye 4, aidé par le navire Rise Above de l'organisation Lifeline, avait dans un premier temps porté assistance mercredi à 397 personnes en détresse lors de six opérations distinctes, avait expliqué jeudi Sea-Eye dans un communiqué, en annonçant avoir mis le cap sur l'île italienne de Lampedusa. Un deuxième sauvetage a ensuite dû être mené jeudi auprès d'une embarcation en bois sur laquelle se trouvaient 400 personnes et qui, victime d'une voie d'eau, menaçait de sombrer. Les secours maltais, pourtant situés dans la zone, n'ont «répondu à aucun des appels à l'aide», avait poursuivi Sea-Eye. «L'état d'urgence est désormais en vigueur sur le Sea-Eye 4», mis à l'eau au printemps et qui compte 24 membres d'équipage, et tout retard dans l'attribution d'un port sûr «met en danger la santé et la vie des personnes secourues et de notre équipage», avait ajouté l'ONG. L'Italie est l'un des principaux points d'entrée en Europe pour les migrants en provenance d'Afrique du Nord, essentiellement de Tunisie et de Libye d'où les départs sont en forte hausse par rapport aux années précédentes. Près de 55 000 migrants ont débarqué en Italie depuis le début de l'année, contre un peu moins de 30 000 en 2020, selon des données du ministère de l'Intérieur. La ministre Luciana Lamorgese a dit jeudi à Rome à Reynders qu'il était «injuste» que l'Italie doive accueillir tous les nouveaux arrivants, en particulier avec la pandémie de coronavirus. «Nous avons besoin de la forte solidarité de l'Europe pour permettre la redistribution des migrants qui arrivent en Italie», a-t-elle dit. À la différence des années 2014-2017, lorsque plus de 90 % des migrants partaient de Libye, la provenance des arrivants est dorénavant «bien répartie» entre la Libye et la Tunisie, selon Matteo Villa de l'Institut d'études politiques internationales (IPSI). «Et les chiffres augmentent sur toutes les routes (Turquie, Grèce, Albanie)», a-t-il tweeté, ajoutant que les départs sont provoqués par la pandémie, les récessions économiques et l'instabilité politique.