Devant le juge, la ministre espagnole déçue a oscillé entre banalités, poncifs et redites pour justifier son rôle dans l'affaire Brahim Ghali. Rabat, qui accuse ce dernier d'être un criminel de guerre, réclame toujours une enquête transparente sur les conditions de son arrivée en Espagne. «L'ancienne ministre des Affaires étrangères Arancha González Laya a été soumise à un interrogatoire sévère lundi par le juge d'instruction numéro 7 de Saragosse, Rafael Lasala, qui enquête sur l'entrée du leader du Front Polisario Brahim Gali en Espagne. Pendant une heure d'interrogatoire, l'ancien ministre a refusé jusqu'à six fois de révéler qui avait donné l'ordre d'entrée de Ghali en Espagne» raconte le site de la station de radiodiffusion Cadena SER. Arancha González Laya a déclaré devant le juge, comme on peut le voir dans la vidéo de l'interrogatoire, que l'entrée de Ghali a été faite «avec discrétion et non avec dissimulation.» «J'ai un devoir de réserve qui est inscrit dans la loi sur les secrets d'Etat officiels. Je dis cela pour protéger un bien supérieur, la sécurité et la défense des intérêts de notre pays», a déclaré González Laya. En Espagne, Brahim Ghali a été visé par une plainte pour «arrestation illégale, tortures et crimes contre l'humanité» déposée en 2020 par Fadel Breika, dissident du Front Polisario naturalisé espagnol, qui affirme avoir été victime de «tortures» dans les camps de réfugiés à Tindouf, en Algérie. «Les tortures sont confirmées par des milliers de témoins», a affirmé son avocate, Maria José Malagon Ruiz del Valle, balayant le caractère «politique» du dossier. Une deuxième plainte – enquête rouverte à la faveur de la présence de Brahim Ghali en Espagne – avait été déposée en 2007 par l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'homme (ASADEDH) pour «génocide», «assassinat», «terrorisme», «tortures» ou «disparitions», commis là encore dans les camps de Tindouf, d'après cette organisation basée en Espagne. Le juge de Saragosse, selon le site, enquête pour savoir s'il y a eu des ramifications non connues derrière l'exfiltration de Ghali vers l'Espagne, mais la ministre déchue a insisté encore sur le fait qu'il s'agissait d'une décision politique pour des raisons humanitaires et d'une «entrée légale». Elle a ajouté qu'il n'est pas étrange que «l'Espagne reçoive ce type de demandes.» Le leader du Front Polisario est entré secrètement en Espagne le 18 avril par l'aéroport militaire de Saragosse, un scandale politique qui a secoué le gouvernement socialiste basé à Madrid. Un dispositif de police l'attendait à la base pour le transférer à l'hôpital de Logroño où il a été soigné pour une grave maladie pulmonaire due à la Covid-19. Selon plusieurs sources, Ghali a utilisé jusqu'à quatre fausses identités différentes pour se cacher, mais l'ancienne chef de la diplomatie espagnole assure qu'elle «n'a rien à voir avec cette décision et qu'il l'a appris par la presse». Une tragicomédie consternante.