Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya a promis, lundi, la mise en place d'un «gouvernement d'union nationale» chargé de conduire une période de «transition» politique. Le chef des putschistes en Guinée a tenté de rassurer les partenaires et investisseurs étrangers en déclarant, lundi 6 septembre, que les nouveaux maîtres de Conakry, qui ont affirmé dimanche avoir capturé le président Alpha Condé, tiendraient leurs engagements. Le comité mis en place par les putschistes assure «les partenaires économiques et financiers de la poursuite normale des activités dans le pays», a déclaré le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya dans un discours. Il «respectera toutes ses obligations», a-t-il ajouté, en demandant aux compagnies minières de poursuivre leurs activités. Le lieutenant-colonel a également promis la mise en place d'un «gouvernement d'union nationale» chargé de conduire une période de «transition» politique, et a assuré qu'il n'y aurait pas de «chasse aux sorcières» contre l'ancien pouvoir. Mamady Doumbouya n'a toutefois pas précisé la durée de la concertation ni de la transition. Le commandant des forces spéciales s'adressait en uniforme aux anciens ministres et présidents des grandes institutions, sommés d'honorer ce rendez-vous sous une vaste tente à l'extérieur du Palais du peuple, siège du Parlement, sous peine d'être considérés en état de «rébellion». Coup d'Etat condamné par la communauté internationale Ce coup d'Etat s'inscrit dans l'histoire tourmentée du pays, éprouvé malgré ses ressources minérales et hydrologiques considérables, dirigé depuis l'indépendance de 1958 par des régimes autoritaires ou dictatoriaux, et coutumier des actions brutales de ses forces armées. Aucun mort n'avait cependant été rapporté officiellement après le putsch, malgré le crépitement intense des armes automatiques dans le centre de Conakry dimanche matin. Aucun incident majeur n'a été signalé depuis, et le lieutenant-colonel Doumbouya s'est employé à tranquilliser ses concitoyens. L'action a été condamnée par une bonne partie de la communauté internationale mais le nouvel homme fort du pays a été salué à son arrivée au Palais du peuple par des centaines de Guinéens accrochés aux grilles et criant «liberté, liberté !» ou «vive l'armée !» Habituellement bouillonnante, la capitale guinéenne qui s'est réveillée sous couvre-feu vivait au ralenti lundi matin. Les militaires ont dressé à l'entrée du centre-ville des barrages contrôlés par des soldats des forces spéciales assistés de quelques hommes du bataillon autonome des troupes aéroportées. Des soldats armés et encagoulés interdisaient l'approche du palais présidentiel. Nombre de magasins sont restés fermés, et le marché central de Madina était étonnamment inactif. Le calme était entrecoupé par les applaudissements des quelques résidents sortis dans la rue au passage de véhicules militaires circulant à toute allure.