Israël et Maroc ont convenu d'ouvrir réciproquement des ambassades dans quelques mois, a annoncé le chef de la diplomatie israélienne au terme de sa première visite dans le royaume depuis la reprise des relations entre les deux pays. l'Algérie qui se dit contre les interventions dans les affaires intérieures des autres pays, sans un intérêt évident, sans une pressante nécessité, se prononce sur ce sujet avec excès. La visite très médiatisée de deux jours du chef de la diplomatie israélienne a permis de cimenter les relations entre Rabat et Tel Aviv et inaugurer la mission diplomatique d'Israël à Rabat, affirme le site Elaraby. Yaïr Lapid a confié avoir abordé avec son homologue marocain ses inquiétudes au sujet du rôle joué par l'Algérie dans la région, son rapprochement avec l'Iran et la campagne qu'elle a menée contre l'admission d'Israël en tant que membre observateur de l'Union africaine. Des diplomates israéliens ont reproché à la politique algérienne de «manquer de moralité» et «de n'avoir pas un principe fixe d'action» dans ses relations internationales. «Le voyage de Yair Lapid à Rabat est de montrer que les relations maroco-israéliennes sont résolument sur la bonne voie. Il n'y a pas de nuage à l'horizon» a assuré une source diplomatique marocaine. Rien n'a ralenti le renforcement des liens entre Rabat et Tel-Aviv au cours des trois derniers mois tandis que Rabat ne cache plus son agacement de ce voisinage dénué de toute bienveillance et de toute cordialité avec l'Algérie. «En Algérie, la risée publique a fait bonne et prompte justice de cet étrange système érigé par le régime de Tebboune qui consiste à créer des crises pour les prévenir, et à allumer soi-même l'incendie de peur qu'il n'éclate. C'est un régime qui sacrifie le corps à l'ombre et la réalité à l'apparence» a annoncé une source diplomatique israélienne. L'Algérie ne s'est pas mise en frais d'imagination dans la guerre médiatique qu'elle a faite dernièrement à la diplomatie marocaine ; il lui a suffi de répéter tout ce qu'elle disait au moment de la reconnaissance américaine de la souveraineté de Rabat sur le Sahara et d'évoquer la possibilité d'un complot. Pour plusieurs sources occidentales, l'objectif du Maroc est de devenir une puissance indépendante, de continuer de vivre de sa propre vie et d'être capable de choisir ses alliances et de compter dans le monde. Ce que voulait l'Algérie c'est de tenir, à tout prix et par tous les moyens, les gouvernements de la région sous sa main. En effet, il est difficile d'imaginer Rabat inverser rétropédaler affirme la même source. «La décision [du Maroc] [de renouer avec Israël], a finalement été prise ouvertement l'année dernière et elle n'est plus vraiment remise en cause», a expliqué une source diplomatique. Dans cette situation, le régime algérien de laisser marcher les évènements, se réservant, selon qu'ils tourneraient bien ou mal, d'approuver ou de blâmer. Abandonné à lui-même et privé de toute direction, ses chefs de toute nuance ont donné alors le spectacle de la plus étrange confusion. Dans une gamme de domaines allant de la cybersécurité au tourisme et au sport à la culture, les deux gouvernements cherchent à élargir et à approfondir la coopération bilatérale. Lors de la visite de Lapid à Rabat, lui et son homologue marocain Nasser Bourita ont signé trois accords. L'un concerne les services aériens, le second concerne la coopération dans les domaines de la culture, des sports et de la jeunesse. Le troisième établit un «mécanisme de consultation politique» entre le Maroc et les ministères des Affaires étrangères d'Israël. «La convergence entre Israël et le Maroc était en cours bien avant la reprise des relations et cela a des implications géopolitiques plus larges», a déclaré à The New Arab le Dr Umberto Profazio, chercheur associé à l'IISS et analyste du Maghreb à la Fondation du Collège de défense de l'OTAN. Dans ce contexte, tant le réchauffement diplomatique que la visite de Lapid indiquent une accélération qui vise clairement à préserver les acquis obtenus depuis décembre 2020. Alors qu'il était au Maroc, Lapid a exprimé les inquiétudes d'Israël concernant le rôle régional déstabilisateur de l'Algérie, accusant Alger de se rapprocher trop de Téhéran et condamnant l'Algérie pour avoir pris une position ferme contre l'adhésion d'Israël à l'Union africaine en tant qu'observateur. Sans aucun doute, la visite de Lapid au Maroc et la croissance des relations entre Rabat et Tel-Aviv ne feront probablement que renforcer la radicalisation des positions de l'Algérie sur les questions régionales.