Le Maroc, cité dans une enquête évoquant le logiciel d'espionnage Pegasus, a décidé d'attaquer en diffamation Amnesty et Forbidden Stories devant le tribunal correctionnel de Paris, a annoncé, jeudi, l'avocat du royaume dans un communiqué. Me Olivier Baratelli, mandaté par le Maroc, a précisé sur la chaîne française BFMTV, que «le Maroc n'a jamais eu de liens contractuels ou commerciaux avec la société NSO», propriétaire de la solution sécuritaire Pegasus. «L'Etat marocain considère faire face à une nouvelle affaire de liste et que le passé a largement démontré qu'il était aisé de tirer des conclusions mensongères de telles pratiques», souligne l'avocat, déplorant un «procès d'intention médiatique, infondé et visiblement créé de toute pièce pour déstabiliser la relation diplomatique profonde entre le Maroc et la France». «Le Maroc n'a jamais fait appel à la société NSO et n'a jamais utilisé le logiciel Pegasus», dans une première réaction officielle publique. Une première audience procédurale est prévue le 8 octobre devant la chambre spécialisée en droit de la presse, mais le procès ne devrait pas avoir lieu avant environ deux ans, a-t-on précisé plutôt dans la journée. Pegasus: l'avocat du royaume du Maroc affirme que "NSO n'a jamais eu de lien contractuel" avec le pays pic.twitter.com/K9m5uNJMel — BFMTV (@BFMTV) July 22, 2021 Interrogé, lavocat a dit aussi que «deux ONG sont aujourd'hui au pied du mur, et qu'elles ont dix jours, selon la loi 1881 sur la liberté de presse, pour fournir les preuves qu'elles ont ou qu'elles n'ont pas». L'Etat marocain «entend immédiatement saisir la justice française car il souhaite que toute la lumière soit faite sur les allégations mensongères de ces deux organisations qui avancent des éléments sans la moindre preuve concrète et démontrée», avait accusé l'avocat français. «Le Royaume du Maroc m'a chargé d'une réponse judicaire claire, limpide , directe, efficace pour contrecarrer ces rumeurs qui sont naturellement, totalement infondées», a relevé Me Baratelli. «C'est ubuesque d'imaginer que le Maroc ait pu placer sur écoute ou entendre ou infecter un téléphone comme celui du chef de l'Etat français» s'est-t-il indigné. «Le Maroc nie catégoriquement les allégations malveillantes dont il fait l'objet et le Maroc est en mesure d'affirmer clairement, afin de couper court à cette rumeur délétère qui se propage sur les médias, qu'il n'a jamais fait appel à NSO» a-t-il rétorqué. "Il n'existe aucune preuve matérielle", a-t-il assuré, dénonçant des rumeurs sans aucune assise qui ne sont fondées ni sur rien. «C'est la raison pour laquelle, très officiellement, le Royaume du Maroc, son gouvernement, via son ambassadeur en France Chakib Benmoussa, m'ont demandé» d'entamer «deux procédures pénales lourdes contre ceux qui sont à la source de ces rumeurs», en l'occurence Amnesty International et Forbidden Stories, devant le tribunal correctionnel de Paris. «Amnesty essaie depuis 2019 de colporter et d'alléguer cette rumeur», a-t-il souligné, disant que le Maroc réclame des preuves sans succès. «La justice française est saisie. Un compte à rebours judiciaire vient de commencer», a-t-il pointé.