Le pure player sulfureux et ultra engagé a essuyé depuis ses débuts près de 160 procédures judiciaires, accompagnées de lourds frais d'avocats et trois condamnations définitives. L'article avait été accueilli par une volée de critiques et des accusations de racisme, d'antisémitisme, d'islamophobie et de suprémacisme : le blog de Mediapart, dans lequel cohabitent journalistes et abonnés, a abrité, le 21 juillet, de manière éphémère, un article aux relents racistes intitulé : Se faire espionner par le Maroc, franchement c'est la honte. Si l'article reste dissocié du site officiel, la synchronie et la proximité temporelle de sa diffusion avec la ligne éditoriale de Mediapart forme un tout auquel accède le public. «Que l'on se fasse espionner par la Russie, par la Chine ou par les USA passe encore, mais se faire surveiller sournoisement par un tout petit pays du Maghreb alors là ! Un pays, rappelons-le, musulman !» a écrit un contributeur dénommé Bruno Painvin. Ce n'est pas la première fois que Mediapart, qui singularise son prétendu «participatif» en proposant aux lecteurs-contributeurs, via son club, une tribune pour afficher et rendre publiques leurs opinions, permette ce genre de divagations. «Un logiciel espion israélien utilisé par un pays musulman contre notre belle République catholique et laïque, 6e puissance économique mondiale, je ne veux pas dramatiser, mais ça ressemble à la fin du monde», des propos révoltants autorisés par Médiapart. Une réaction lucide, toutefois : «Donc Edwy Plenel a été espionné, mais Eric Zemmour aussi ! Quelqu'un peut m'expliquer l'intérêt d'espionner Zemmour ? Franchement !», rapporte la même source. Depuis quelques années, Edwy Plenel a transformé Mediapart en une plate-forme d'opposition aux administrations françaises successives et à certains pays. Le site a marqué les dernières fuites relatives au logiciel Pegasus par son style provocateur et son côté tabloïd, c'est un relais de «l'Alt-left», ou «alternative left», le courant d'extrême gauche française pourfendue par plusieurs courants de la société civile. Sous l'impulsion d'Edwy Plenel, Mediapart a publié nombre d'articles incendiaires et souvent peu fiables visant le Maroc et son intégrité territoriale. Sciemment, Mediapart permet à certains usagers de ses blogs de déborder les limites inscrites dans le dispositif qu'il a instauré dès le départ. Aucune régulation, aucune modération, aucune nuance. Plus clivant encore, seul l'accès si «journal» est payant, la consultation des écrits du club est gratuite, ce qui ne laisse plus de doute sur la pseudo-neutralité du dispositif qui porte en lui le projet politique qui sous-tend sa conception initiale. Le parquet général marocain a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête judiciaire sur, selon ses termes, de fausses allégations et accusations reprochant à Rabat d'avoir eu recours au logiciel Pegasus. Parallèlement, le gouvernement marocain a indiqué vouloir engager des procédures judiciaires contre toute partie reprenant à son compte ces allégations fallacieuses. Plusieurs médias ont mené une enquête controversée s'appuyant sur des documents fournis par Amnesty International. Selon les autorités marocaines, l'objectif poursuivi est de mettre Rabat sous le contrôle de quelques officiels aux agendas équivoques. Le gouvernement a exigé des preuves matérielles permettant d'étayer les accusations à son encontre. Lundi, Rabat avait déjà jugé mensongères les informations selon lesquelles les téléphones de plusieurs personnalités publiques nationales et étrangères et de responsables d'organisations internationales ont été infiltrés à travers un logiciel informatique. NSO a rejeté une nouvelle fois les accusations le visant, assurant que son logiciel était destiné seulement aux agences gouvernementales afin de les aider à lutter contre la criminalité et le terrorisme.