Le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, est arrivé mardi aux Emirats arabes unis, la première visite officielle d'un ministre de l'Etat hébreu depuis la signature des accords de normalisation en septembre 2020. Après avoir atterri à Abou Dhabi, le ministre doit inaugurer l'ambassade d'Israël aux Emirats, une première dans le Golfe, et s'entretenir avec des hauts responsables émiratis. Il se rendra également à Dubaï pour les ouvertures officielles du consulat d'Israël et du pavillon de son pays à l'Exposition universelle (du 1er octobre 2021 au 31 mars 2022). «Trente ans d'expérience en tant que diplomate, mais voir le bleu et le blanc (couleurs du drapeau d'Israël, ndlr) ici à l'aéroport d'Abou Dhabi, en attendant que le ministre des Affaires étrangères atterrisse, c'est exaltant!», a tweeté dans la matinée l'ambassadeur d'Israël aux Emirats, Eitan Na'eh. Plus tôt, M. Lapid avait publié sur Twitter une photo de lui dans un avion, accompagnée des mots «Je décolle pour une visite historique aux Emirats». «La délégation israélienne atterrira en fin de matinée à Abou Dhabi et sera reçue par le ministre des Affaires économiques au ministère émirati des Affaires étrangères», avait précisé dans un communiqué le ministère israélien des Affaires étrangères. En mars, la première visite officielle aux Emirats du Premier ministre israélien d'alors, Benjamin Netanyahu, avait été annulée en raison d'un « différend » avec la Jordanie sur le survol de son espace aérien, selon l'Etat hébreu. Ces derniers mois, les deux pays ont multiplié les accords de coopération dans divers domaines notamment commerciaux. En avril, les Emirats arabes unis avaient annoncé la création d'un fonds d'investissement de 10 milliards de dollars destiné à des secteurs stratégiques en Israël. Bahreïn, une autre monarchie du Golfe ainsi que le Maroc et le Soudan ont également signés des accords de normalisation avec Israël, sous l'impulsion de l'ancienne administration américaine de Donald Trump. Visite discrète La visite mardi de Yaïr Lapid a été très peu couverte par la presse côté émirati, une discrétion qui tranche avec les grandes annonces et les slogans dithyrambiques durant les premiers mois de la normalisation entre les deux pays. La visite de ce haut responsable israélien intervient dans un contexte de montée des tensions dans les Territoires occupés palestiniens. Les pays arabes, parmi lesquels les Emirats et Bahreïn, avaient critiqué la répression de manifestations de Palestiniens par les forces israéliennes à Jérusalem-Est, occupé par l'Etat hébreu. Les frappes israéliennes sur Gaza avaient mis les nouveaux partenaires commerciaux arabes de l'Etat hébreu dans l'embarras, face à une population arabe très critique dans la rue et sur les réseaux sociaux. Les Palestiniens ont dénoncé les accords de normalisation signés par plusieurs pays arabes depuis un an et qualifiés de «trahison». La résolution du conflit israélo-palestinien était jusqu'alors considérée comme une condition sine qua non à toute normalisation. Fin août, le premier vol commercial direct entre les Emirats et Israël s'était posé à Abou Dhabi en provenance de l'aéroport international David Ben Gourion de Tel-Aviv, avec à son bord une délégation américano-israélienne officielle. M. Lapid est l'architecte de la coalition ayant mis fin in extremis au règne de Benjamin Netanyahu et devrait devenir Premier ministre ultérieurement, en alternance avec le nouveau chef du gouvernement Naftali Bennett.