L'Office chérifien des phosphates mise gros sur un «développement vert» à l'échelle nationale et en Afrique. Dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique, Mostafa Terrab, président du groupe, détaille les défis auxquels l'entreprise se trouve confrontée dans son environnement immédiat et international, les réponses qu'elle y apporte et les leviers qui déterminent ses futures actions. Mostafa Terrab, c'est du répondant et de la répartie. Les tentatives des séparatistes afin saisir des navires marocaines ? «Les autorités politiques marocaines prennent en charge la défense des intérêts légitimes et supérieurs de la nation sous l'autorité suprême du roi Mohammed VI. Toute la nation est derrière le souverain. Quant au rapt des navires, l'expérience sud-africaine a montré, s'il en avait été besoin, combien est vain ce type de piraterie». D'emblée, M. OCP, aux manettes depuis quinze ans, donne l'assaut, au moment où ses équipes préparent la présentation, d'ici à la fin de l'année, du plan 2021-2030 du groupe. La résilience du groupe face à la pandémie de Covid-19 et ses atouts dans un contexte de concurrence accrue sur le marché mondial sont portés au plus haut degré. Mostafa Terrab scrute l'avenir. L'exploitation des phosphates et de ses dérivés, notamment les engrais, est un secteur clé de l'économie marocaine, pesant près du quart des exportations du pays, selon des chiffres officiels. L'OCP a réalisé en 2017 un chiffre d'affaires en hausse de 14 % par rapport à 2019. «Un virage vert porté par les capacités d'innovation développées au sein de l'Université Mohammed-VI (propriété du groupe OCP) qui doit permettre de construire une industrie plus respectueuse de l'environnement autour de la décarbonation et de la préservation de l'eau», s'enthousiasme le directeur général de l'Office chérifien des phosphates (OCP) dans un entretien grandeur nature accordé au magazine panafricain Jeune Afrique. «Nous nous sommes rapidement adaptés à un marché global où nos activités sont naturellement liées au secteur agroalimentaire. Par ailleurs, nous nous sommes attachés à réduire nos coûts de production» Selon M. Terrab, une nouvelle vision s'imposer, des axes stratégiques, des objectifs et des plans d'actions vont être mis en œuvre afin de concilier développement industriel d'OCP et préservation l'environnement naturel dans lequel le groupe évolue. «Vous le saurez bientôt, tous les engrais OCP seront conformes, et au-delà, aux réglementations les plus strictes en la matière. Nos plans de développement en cours, notre transformation à l'œuvre et nos futurs investissements sont inscrits dans un développement vert par le recours intensif aux énergies renouvelables, à la mobilisation des ressources aquatiques non conventionnelles, au recyclage des rejets et aux circuits courts. Dès aujourd'hui, l'énergie utilisée dans nos usines de transformation de Safi et de Jorf Lasfar est propre grâce à la valorisation des vapeurs d'eau dégagées. De même, toute l'énergie mobilisée pour la mine de Boukraa est d'origine éolienne. Le Slurry pipeline, utilisé pour le transport des phosphates de Khouribga vers Jorf, nous permet d'économiser 3 millions de m3 d'eau, de réduire notre empreinte carbone de près de 1 million de tonnes équivalent CO2 et d'optimiser nos coûts logistiques de transport» détaille le patron du groupe OCP. Pour M. Terrab, le groupe, en pleine expansion, a engagé une politique de développement durable afin de réduire l'empreinte environnementale d'OCP à travers une gestion qui s'inscrit dans la durée des gisements de roche, une rationalisation de la consommation d'eau, une réduction de la consommation d'énergie et une valorisation des déchets. «Nous sommes un acteur mondial avec des clients sur les cinq continents et nous sommes également un acteur intégré sur l'ensemble de la chaîne de valeur des phosphates» indique M. Terrab. Relativement à l'exploitation de la mine de Boukraa, au Sahara et les agissements du Polisario, M. Terrab affirme qu'il ne se fera «pas entraîner par des tensions voulues par les adversaires de l'intégrité territoriale nationale.» «Ce que je pourrais vous dire est que nous exploitons les ressources phosphatées de Boukraa en bon père de famille. Nous avons apporté régulièrement des fonds propres pour assurer la continuité de l'exploitation de la mine, des infrastructures de traitement et de la logistique. Nous avons accompagné la montée en nombre et en compétence de nos collaborateurs issus de nos provinces du Sud et, lorsque Phosboucraa est bénéficiaire, nous ne remontons jamais un dirham de dividende. Tous les profits sont réinvestis localement. Nous sommes engagés dans un programme d'investissement colossal de plus de 2 milliards de dollars : port, traitement du phosphate, transformation en engrais, accompagnement de ces investissements en capacité de production et en capital humain» a-t-il précisé à Jeune Afrique. Interrogé sur la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara, M. Terrab affirme «qu'une très grande majorité des pays reconnaît la pertinence et la crédibilité du plan d'autonomie sous souveraineté marocaine». Evidemment, rappelle-t-il, «la reconnaissance américaine est un pas décisif, et beaucoup de pays ont ouvert des représentations consulaires dans nos provinces du Sud.»