Fitch Ratings a confirmé mercredi la notation par défaut des émetteurs en devises à long terme du Maroc (IDR) à «BB +» avec une perspective stable. La note «BB +» du Maroc est soutenue par un record de stabilité macroéconomique reflétée par une inflation et une volatilité du PIB relativement faibles avant la pandémie, une part modérée de la dette en devises (FC) dans la dette totale des administrations publiques (GC) et une liquidité extérieure relativement confortable. Ces atouts sont contrebalancés par des indicateurs de développement et de gouvernance faibles, une dette GG élevée et des déficits budgétaires et des comptes courants (CAD) plus importants, indique Fitch ratings dans un communiqué. Le déficit budgétaire de l'administration centrale est passé à 7,7% du PIB en 2020, contre 4,1% en 2019 (hors produits de la privatisation). Les mesures de confinement liées à la pandémie et la baisse de la demande mondiale ont provoqué une forte baisse des revenus tandis que les dépenses courantes ont augmenté pour atténuer l'impact sur la santé et amortir le coup financier sur les ménages et les entreprises. Des déficits budgétaires importants entraîneront une nouvelle augmentation de la dette publique Fitch ratings prévoit ainsi un déficit de 6,5% du PIB en 2021, après 6,9% en 2020, estimant qu'il n'y aura pas de modifications importantes des politiques budgétaires et économiques après les élections législatives de 2021. Selon la même source, des déficits budgétaires importants entraîneront une nouvelle augmentation de la dette publique malgré la reprise économique, indiquant que la dette GG augmentera à 68,8% du PIB en 2021 et 70,5% en 2022 contre 66,8% en 2020, dépassant la médiane «BB» projetée de 59,1% en 2022. Par ailleurs, Fitch ratings prévoit que la dette GG sera globalement stable à partir de 2023. Le choc pandémique prolongé aggravera les vulnérabilités financières de certaines entreprises publiques. Banques : le choc pandémique entraînera une détérioration de la qualité des actifs L'agence de notation financière internationale évalue le ratio de capitalisation du secteur bancaire comme assez faible par rapport aux risques liés à la concentration du portefeuille de prêts et à l'expansion régionale des banques. Le choc pandémique entraînera ainsi une détérioration de la qualité des actifs du secteur. Toutefois, les risques qui en découlent pour la solvabilité des banques sont gérables. Baisse importante des recettes globales du compte courant En outre, le secteur du tourisme, qui représente 6,7% du PIB en recettes brutes annuelles moyennes du compte courant en 2017-2019, restera impacté par la crise en 2021 et ce, après l'effondrement de 70% de ses recettes brutes. Les exportations de phosphate et d'automobiles ont enregistré de bonnes performances en janvier-février 2021, mais certains secteurs restent à la traîne, comme le textile et l'aérospatiale. Ainsi, Fitch ratings estime que les recettes globales du compte courant resteront inférieures à leur niveau de 2019 en 2021 et 2022. La dette extérieure nette atteindra 19,5% du PIB en 2022 Les importations rebondiront en 2021 alors que la demande intérieure de biens finals et intermédiaires commencera à se redresser, parallèlement à la hausse des prix du pétrole. Les envois de fonds (5,9% du PIB en 2017-2019) ont augmenté en 2020 et continueront de soutenir les indicateurs externes du Maroc. Selon Fitch Ratings, les risques de dégradation du déficit des comptes courants (CAD) seront principalement financés par la dette et la dette extérieure nette atteindra 19,5% du PIB en 2022, contre 16,7% en 2020. Les risques de liquidité extérieure sont atténués par le soutien de longue date des créanciers publics et la composition favorable de la dette extérieure du Maroc. Les prêts publics représentent environ les deux tiers de la dette extérieure publique et la moitié de la dette extérieure brute totale. Les réserves de change augmenteront lentement en 2021 et 2022 La résilience extérieure est également soutenue par les réserves de change assez confortables du Maroc et par une meilleure flexibilité du taux de change. Fitch prévoit que les réserves de change augmenteront lentement en 2021 et 2022 après avoir atteint 32,2 milliards de dollars à fin 2020 contre 25,3 milliards de dollars en 2019. Ainsi, les réserves de change couvriront 7,5 mois de paiements extérieurs courants en moyenne en 2021-2022, supérieurs à la médiane «BB» de 5,4 mois. Un assouplissement des perturbations liées à la crise sanitaire et une amélioration des précipitations après deux ans de sécheresse entraîneront un rebond de la croissance du PIB réel à 4,8% en 2021, après une contraction de 7,1% en 2020. La politique budgétaire restera expansionniste jusqu'à au moins 2022. Le lancement d'un fonds d'investissement stratégique en coopération avec le secteur privé, prévu pour 2021, soutiendra la reprise économique.