Les Etats ouest-africains ont décidé la levée des sanctions imposées au Mali après le coup d'Etat ayant renversé le 18 août le président Ibrahim Boubacar Keïta, afin de « soutenir » la transition censée ramener les civils au pouvoir, a annoncé mardi la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Dans une déclaration publiée au lendemain de la formation d'un gouvernement dans lequel les membres de la junte occupent des positions stratégiques, les dirigeants de la Cédéao disent « prendre en compte » des « avancées notables vers la normalisation constitutionnelle » dans ce pays pauvre, fragilisé depuis des années par les violences jihadistes et intercommunautaires. « Pour soutenir ce processus, les chefs d'Etat et de gouvernement décident de la levée des sanctions sur le Mali. Ils appellent tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux à soutenir le Mali », peut-on lire dans une déclaration des dirigeants de la Cédéao signée par le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, dont le pays exerce la présidence tournante de l'organisation régionale, médiatrice dans la crise malienne. Ces sanctions, au premier rang desquelles un embargo commercial et financier, avaient été imposées au Mali le 20 août. Dans leur déclaration, les voisins du Mali demandent aux nouvelles autorités de la transition de « mettre en oeuvre rapidement » les autres décisions prises par la Cédéao, « en particulier la libération de tous les officiels militaires et civils arrêtés » lors du coup d'Etat du 18 août. Ils réclament également à nouveau la « dissolution » du Conseil national pour le Salut du peuple (CNSP), l'instance mise en place par les militaires qui ont renversé le président Keïta lors d'un coup d'Etat qui n'a officiellement pas fait de victime. Les dirigeants ouest-africains notent plusieurs avancées réalisées ces dernières semaines, dont la nomination d'un président de transition, Bah Ndaw, un colonel à la retraite, et celle d'un ancien ministre des Affaires étrangères, Moctar Ouane, comme Premier ministre. Ils saluent en outre le renoncement par les militaires à une prérogative majeure initialement dévolue au chef de la junte, le colonel Assimi Goïta: investi vice-président transitoire, il ne pourra pas remplacer le président de la transition en cas d'empêchement de ce dernier, selon la charte élaborée par les militaires. Ce document fondamental fixe à 18 mois la durée de la transition, que la Cédéao souhaitait la plus courte possible. La charte assigne pour objectifs à la transition le rétablissement de la sécurité sur tout le territoire, dont les deux tiers échappent au contrôle du pouvoir central, « le redressement de l'Etat » et l'organisation d'élections générales.