La mort d'une jeune femme de 19 ans issue de la communauté défavorisée des dalits, qui a succombé mardi après avoir été violée par quatre hommes de caste supérieure, suscite l'indignation en Inde. Les quelque 200 millions de dalits -autrefois appelés « intouchables »-, considérés comme étant au bas de l'échelle sociale dans le rigide système de castes indien, subissent de longue date discriminations et agressions. Ces dernières ont augmenté pendant la pandémie causée par le coronavirus, selon les organisations de défense des droits humains. La jeune femme, âgée de 19 ans, a été attaquée le 14 septembre par quatre hommes de plus haute caste dans l'Etat d'Uttar Pradesh (nord), selon la plainte déposée par sa famille auprès de la police. Les quatre suspects ont été arrêtés, ont affirmé les autorités. Découverte ensanglantée et paralysée en raison de blessures au cou et à la moelle épinière, elle a été transportée dans un hôpital local puis à New Delhi lundi car son état se dégradait. « Elle est morte en cours de traitement mardi matin. Nous ferons en sorte qu'il y ait une enquête et un procès rapides dans cette affaire », a déclaré le chef de la police du district de Hathras, Vikrant Vir. L'affaire a suscité l'émotion sur les réseaux sociaux. Elle survient après l'exécution, le 20 mars, de quatre hommes pour le viol collectif d'une étudiante dans un bus de Delhi en décembre 2012, un crime qui avait révulsé l'Inde et le reste du monde. « Quel jour triste, triste. Combien de temps encore cela peut-il être permis? », s'est interrogé le réalisateur-producteur Farhan Akhtar. Pour la militante féministe Kavita Krishnan, l'agression reflète « plus largement la violence structurelle » visant les femmes dalits. Priyanka Gandhi, un membre du Congrès, le principal parti d'opposition, a incriminé la détérioration de l'ordre public dans l'Uttar Pradesh, un Etat dirigé par le parti du Premier ministre Narendra Modi, le Bharatiya Janata Party. Le niveau des violences sexuelles envers les femmes, de toutes les castes ou classes sociales, est préoccupant dans ce pays d'1,3 milliard d'habitants. Près de 34 000 viols ont été signalés en 2018, mais cela ne représente qu'une infime partie émergée de l'iceberg car de nombreuses victimes sont trop effrayées et menacée pour porter plainte, surtout quand elles sont mineures.