Le 21 septembre, dans une tribune publiée dans le quotidien français Le Monde, huit intellectuels français demandent au président Emmanuel Macron d'intervenir auprès de son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune en faveur de la libération de Khaled Drareni, le journaliste algérien, condamné en appel à deux ans de prison ferme. Dimanche 19 septembre, le président Tebboune a donné un entretien à deux journalistes de la presse algérienne. Lors de cette conversation diffusée par la télévision, le président a accusé les ONG de «saper la stabilité du pays». Interrogé sur le sort du journaliste Khaled Drareni, il a dénoncé Reporters Sans Frontières pour son implication déclarant que «les États ne nous attaquent pas frontalement mais chargent des organisations non gouvernementales de cette mission.» L'appel de ces huit intellectuels (Olivier Abel, philosophe ; François Burgat, politologue ; Christian Delacroix, historien ; François Dosse, historien ; François Gèze, éditeur ; Olivier Mongin, directeur de la revue Esprit ; Pierre Nora, éditeur et historien ; Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue) vient souligner un fait déjà établi : «Khaled Drareni est accusé, sans base réelle et hors de tout sens commun, d'incitation à un attroupement non armé.» Ils rappellent qu'il a été «arrêté à plusieurs reprises pour avoir couvert avec enthousiasme le Hirak. Khaled Drareni a refusé de céder aux menaces et aux intimidations. Doit-il payer de deux années de prison ferme le simple fait d'avoir exercé son métier : informer les citoyens de son pays avec une honnêteté professionnelle exemplaire ?» Ils évoquent l'historien Pierre Vidal-Naquet – dont un des signataires, François Dosse, a écrit la biographie – qui s'est battu pour faire la vérité sur la disparition du mathématicien Maurice Audin. «Le combat pour la vérité et la liberté de la presse s'incarne aujourd'hui dans la défense de la liberté d'expression mise en cause par l'incarcération de Khaled Drareni.» Khaled Drareni est incarcéré depuis bientôt six mois. Il a été arrêté et mis en garde à vue le 7 mars 2020 après avoir couvert une manifestation du Hirak. Libéré sous contrôle judiciaire, Khalid Drareni a évoqué alors la mise en suspens des protestations du Hirak à cause de la pandémie de Covid-19. Quelques jours plus tard, un mandat de dépôt est émis par les juges, il est ramené derrière les barreaux, officiellement accusé d' «incitation à attroupement non armé» et «atteinte à l'unité nationale». Le 10 août il est reconnu coupable en première instance par le tribunal de Sidi M'hamed à Alger d'«incitation à attroupement non armé» et d'«atteinte à l'unité nationale». Il écope de trois années de prison ferme et de 50 000 dinars d'amende (environ 330 euros). Le 15 septembre, après avoir fait appel, il est condamné à deux ans de prison ferme.