Jamais les membres du PJD n'ont paru plus empressés à ménager le repos du parti, qui multiplie les scandales; et à désavouer toute idée de dévoiement de la loi. Soupçonnés de ne pas avoir déclaré leurs collaborateurs à la sécurité sociale, le PJD, divisé, livré à toutes les dissensions intestines, a déclaré Ramid et Amekraz, pourtant coupables, innocents. Deux hauts responsables du Parti justice et développement (PJD, islamiste). Un ministre à la tête la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) et qui pratique le travail dissimulé, et l'autre, ministre d'Etat chargé des droits de l'homme (et ex-ministre de la justice), Mustapha Ramid, en ligne de mire. Un seul point en commun, tous les deux tenaient un bureau d'avocat, respectivement à Agadir et à Casablanca. L'atmosphère publique se charge pour la formation islamiste, à un de ces moments où il faut s'attendre à de l'imprévu, aux confusions, aux arrangements et aux crises de pouvoir. Ces scandales révélés par barlamane.com ont poussé le parti au pouvoir à réagir. Vendredi, le secrétariat général du PJD a déclaré que les deux ministres sont « intègres » même s'ils ont « enfreint la loi » ! Le prétexte était trouvé. Aussitôt on s'est décidé à interpeller les deux ministres, non pas pour leur demander pourquoi ils ne s'étaient pas hâtés de se soumettre à la première sommation de l'opinion publique en rendant leur démission ; — mais, pour se justifier malgré les preuves qui les accablent. Le PJD se met au-dessus de toutes les lois, de toutes les règles juridiques, accorde la grâce à Ramid et Amekraz. Qu'importe, il ne s'agit pas ici de droit, — c'est de la politique ! Les lois ne comptent pas, le haut-commandement du PJD n'avait qu'à trouver le moyen d'innocenter ses ministres honnis, ne fût-ce que pour effacer la « tache de souillure » qui les éclaboussent — au risque de désavouer la loi, la justice, le droit lui-même. Le PJD, devenu une secte mettant toute sa dextérité à ménager sa majorité gouvernementale, malgré les scandales répétitifs, du jamais vu ! Le PJD n'est plus un parti sans doute, ils ont perdu leur intégrité, qui a définitivement disparue avec un chef effacé. il représente l'agitation d'où il est né, des mécontentements, des camouflages, des antipathies, des ressentiments ; et se il se flatte peut-être d'imposer une politique de nivellement trop visiblement contraire au sentiment du pays. Il veut, en perpétuant et en aggravant la scission avec l'opinion publique, rester l'appoint nécessaire sur la scène politique. Pour cela, il reviendra au combat, et il est prêt à accepter tous les concours, toutes les coalitions. S'il n'est pas le maître, il empêchera les autres de gouverner ! Les parodies de procédure pour liquider les antagonismes nés de la force des choses, les problèmes douloureux, les scandales, l'incertitude qui suit les longues commotions, les incidents imprévus, quelle idée ! Tout ce que le parti qui se prétend vertueux peut se proposer de mieux, c'est d'éviter les embarras inutiles, d'adoucir les chocs inévitables, d'inventer de faux bruits, d'émousser ce qui pourrait paraître mettre à nu ses contradictions. Cela, ils le peuvent et ils le font en toute circonstance. Les deux responsables gouvernementaux continuent d'exercer leurs fonctions et de jouir de la confiance du chef de gouvernement ! Magique ! D'où vient la faiblesse du PJD en dépit du chiffre de ses membres ? La raison qu'en ont donnée presque tous les analystes est que le parti, s'il s'est accru numériquement, a perdu en homogénéité, en densité. Le parti qui n'était à l'origine qu'une phalange ardente et remuante, qui marchait en rangs serrés à la bataille et qui, grâce à un inattendu concours de circonstances en 2011, a fini par remporter la victoire et par conquérir la place, n'est plus qu'un parti sans âme.