Du Burkina Faso au Cameroun, en passant par la Côte d'Ivoire et la République démocratique du Congo, l'Afrique subsaharienne se jette sur la chloroquine, un médicament bien connu sur le continent, où le coronavirus a déjà tué au moins 190 personnes. Après le Maroc, qui a décidé de recourir à la chloroquine pour traiter les patients contaminés par le nouveau coronavirus, l'Afrique subsaharienne a décidé de prendre le même chemin. En plus de demander au laboratoire Sanofi de remettre tout son stock du médicament, les autorités de Rabat ont établi un protocole thérapeutique en concertation avec un comité technique et scientifique, qui a prescrit une association chloroquine et azithromycine, selon une note ministérielle diffusée. Des hôpitaux sénégalais aux pharmacies de rue camerounaises, en passant par des entreprises pharmaceutiques sud-africaines, l'Afrique subsaharienne, désarmée face au coronavirus, se rue sur la chloroquine, un médicament bien connu des Africains. Ce traitement et ses dérivés comme l'hydroxychloroquine, utilisés durant des années pour soigner le paludisme sur le continent, suscitent beaucoup d'espoir dans le monde. Mais leur efficacité est encore loin d'être prouvée et leur généralisation divise la communauté scientifique. Si l'OMS a appelé à plusieurs reprises à la prudence, sur le continent africain qui ne dispose que de peu de moyens pour lutter contre le virus, les autorités n'ont pas hésité longtemps. Au Burkina Faso, au Cameroun, en Afrique du Sud, par exemple, les gouvernements ont rapidement autorisé les structures hospitalières à traiter les malades avec cette molécule. Et une grande étude, à l'image de celle du désormais célèbre professeur français Didier Raoult, a été lancée en Afrique du Sud. Au Sénégal, près de la moitié des personnes contaminées se sont déjà vu prescrire l'hydroxychloroquine. Un engouement tel qu'en République démocratique du Congo (RDC), le président Félix Tshisekedi a déclaré la semaine dernière qu'il était « urgent » de produire la chloroquine « en quantité industrielle ». En Afrique du Sud, l'une des plus grosses entreprises pharmaceutiques a promis de donner 500 000 tablettes aux autorités sanitaires. Dans plusieurs grandes villes africaines, comme à Abidjan (Côte d'Ivoire) ou encore à Luanda (Angola), les habitants se sont rués dans les pharmacies pour récupérer des plaquettes. Le même phénomène a été observé au Malawi, où aucun cas n'a été annoncé officiellement. Au Gabon, à Libreville, les files d'attente devant les officines s'allongent aussi, au grand dam d'Armelle Oyabi, présidente d'une association de personnes atteintes du lupus, une maladie auto-immune qui se traite avec l'hydroxychloroquine. Au Nigeria, des patients empoisonnés à la chloroquine ont été admis la semaine dernière dans deux hôpitaux de Lagos. Pour s'en procurer illégalement, les Africains peuvent toutefois se tourner vers les apothicaires de rue. Mardi, déjà, les autorités camerounaises ont annoncé que de la fausse chloroquine était en circulation dans le pays, et avait notamment été retrouvée… dans certains centres de santé.