Younes Moujahid, président de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), a appelé l'Etat du Qatar à être le premier à mettre en œuvre les conclusions du forum organisé à Doha, les 16 et 17 février, sur les médias sociaux, les défis et les moyens de soutenir les libertés et de protéger les militants, et de « donner l'exemple, avant les autre dans la mise en œuvre de ses recommandations.« Younes Moujahid, président de la FIJ, ne mâche pas ses mots. Lors d'un forum organisé au Qatar sur les réseaux sociaux, il a asséné ses vérités : « Nous attendons avec impatience que les conclusions auxquelles nous parviendrons soient utiles au pays qui embrasse ce forum, pour progresser en ce qui concerne la liberté de la presse et le droit à l'expression, établir des règles transparentes pour les libertés collectives et individuelles, et les appliquer dans ses lois et institutions, ainsi qu'être un exemple avant les autres dans l'application de ces recommandations ». Younes Moujahid a souligné dans son discours que les technologies modernes de communication ont contribué au développement de la lutte démocratique, en particulier dans les pays dépourvus de presse libre et d'institutions démocratiques, mais que « les militants des droits de l'Homme qui ont bénéficié de ces technologies sont soumis à des restrictions et à des persécutions ». Ceci, a-t-il appuyé, nécessite « des progrès dans leurs moyens de protection et la prise en compte de cette question comme vitale et prioritaire pour tous les défenseurs des droits de l'Homme, en particulier les syndicats de journalistes, qui devraient à leur tour contribuer à la promotion de la liberté d'expression ». Il a souligné que certains gouvernements recourent aux méthodes de restriction et de répression pour limiter le pouvoir et la diffusion des nouvelles et des idées qui contredisent leur politique. « De nombreux gouvernements et groupes de pression et intérêts ont également recouru à d'autres méthodes dans l'utilisation négative de la liberté d'expression via les médias numériques, avec d'énormes fonds pour faire passer leur propagande. Et ce, par le biais de nombreuses techniques pour tromper l'opinion publique et inonder l'espace numérique de prosélytisme et de rumeurs, et parfois attaquer des opposants en recourant largement à de fausses identités, à des armées électroniques, à des bots et à d'autres moyens d'influence artificielle ». Moujahid a également critiqué « les plates-formes et les grandes entreprises dans les domaines de la communication numérique, qui ne se préoccupent que des profits qu'elles réalisent ». Cette situation a permis le développement de ce que l'on appelle les fake news et le mauvais contenu dans l'expression, la publication et la diffusion, explique le président de la Fédération internationale des journalistes : « Ce développement a également été utilisé dans les technologies numériques par des groupes extrémistes pour diffuser des discours de haine, de racisme et d'autres contenus qui contredisent la liberté d'opinion et le droit à la différence. Mais plus encore, détaille Moujahid, les médias numériques ont été utilisés pour transmettre des insultes, des calomnies et des messages portant atteinte à la vie privée des personnes, des pratiques dont les effets néfastes se multiplient constamment. Dans son discours d'ouverture, il a estimé que s'il était primordial de souligner la nécessité de protéger le droit à l'expression en tant que droit humain fondamental, nous sommes tenus, en tant que journalistes, militants et responsables d'organisations, de réaliser l'extrême importance de la question de faire face aux dommages collatéraux des technologies modernes de communication. Et pour jouer son rôle de pionnier dans ce domaine, nous ne pouvons accepter , a-t-il soutenu, l'utilisation des dommages collatéraux, comme une justification qui permet à certains gouvernements de reculer devant les libertés ou de consacrer une politique de restriction. Parlant des aspects négatifs de la révolution numérique, Moujahid a déclaré qu'il faut développer un journalisme et des contenus crédibles, affirmant qu'il est « de notre devoir de considérer l'éducation aux médias comme un droit dans un monde où les technologies numériques se développent d'une manière imprévisible. Une bonne presse doit jouer son rôle dans la liberté d'expression, a-t-il affirmé. Moujahid, dans sa conclusion, a rappelé qu'il faut protéger le droit de s'exprimer, d'utiliser la révolution numérique pour servir la démocratie, la transparence et l'accès aux données. Il a également recommandé la dénonciation de la corruption, de l'injustice et de l'intimidation. Il a enfin mis l'accent sur l'importance de ne pas en faire un outil au service des calculs étriqués et petits intérêts de certains pays et grandes entreprises.