L'accès des navires de pêche français aux eaux de l'île anglo-normande de Guernesey est temporairement suspendu en raison de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Les pêcheurs pourront continuer à y pêcher, au moins jusqu'à la fin de l'année, sous réserve d'autorisations individuelles. Cela fait des mois que les pêcheurs français espéraient passer entre les mailles du filet. Mais ils sont les premiers à faire les frais du Brexit. Depuis le 1er février, ils ont été provisoirement interdits d'accéder aux eaux de l'île anglo-normande de Guernesey. Le Brexit, acté dans la nuit de vendredi à samedi, s'est notamment traduit par l'expiration de la Convention de Londres sur la pêche, qui régit depuis 1964 les droits de pêche dans les eaux côtières (6 à 12 milles nautiques) des Etats membres de l'UE signataires. Les pêcheurs français pourront néanmoins conserver l'accès aux eaux côtières de l'île pendant la période de transition qui doit s'achever le 31 décembre 2020. Guernesey impose néanmoins une procédure d'autorisation individuelle, qui devrait être mise en place la semaine prochaine, selon le ministère. « Pendant cette période, l'accès des navires français aux eaux de Guernesey est temporairement suspendu », indique le ministère français de l'agriculture. Quelque 140 bateaux français ont pêché dans les eaux de Guernesey en 2018 et seulement une trentaine de navires sont concernés pendant la période actuelle. « L'activité dans les 6-12 milles autour de Guernesey est une petite partie de l'activité dans l'ensemble de la zone », a indiqué le ministère dans un communiqué, évoquant une faible dépendance à Guernesey pour les patrons-pêcheurs, avec une part de chiffres d'affaires « de moins de 5% dans la plupart des cas ». L'interdiction est pour l'instant limitée à l'archipel de Guernesey mais les pêcheurs redoutent que la zone d'exclusion ne s'étende. Jusqu'à présent, le Royaume-Uni autorisait les bateaux français à pêcher dans sa zone économique exclusive. Avec le Brexit, cet accès est remis en cause. Faute d'accord, les français pourraient être définitivement exclus, le 31 décembre 2020, alors que 30% de la pêche française s'effectue dans les eaux britanniques, parmi les plus riches d'Europe. La pêche sera donc un sujet sensible des négociations qui vont s'ouvrir entre Londres et Bruxelles afin de définir leurs futures relations commerciales. Le gouvernement britannique a déjhà annoncé qu'il souhaitait mettre fin à l'accès « automatique » des navires européens à ses eaux territoriales. Les pêcheurs français redoutent donc l'arrivée sur leurs côtes de tous les autres navires de pêche européens, exclus des eaux britanniques. Une concurrence qui risque de faire grimper le prix du poisson.