Le mariage des mineures, qui concerne quelque 30.000 de fillettes au Maroc, est un fléau alimenté par la précarité, les coutumes et la peur, contre lequel il faut lutter, a indiqué lundi le ministre de la Justice, Mohamed Ben Abdelkader. Le nombre de mariages de mineures au Maroc ne cesse d'augmenter, avec plus de 32.000 demandes déposées et 26.240 dérogations légales au code de la famille accordées en 2018, a indiqué lundi le ministre de la Justice Mohamed Ben Abdelkader au Parlement. Les chiffres «ont de quoi inquiéter», a estimé le ministre, reconnaissant «que 98% des demandes ont été déposées par des individus sans profession, mais affirmant que «les dérogations au code de la famille (Moudawana) restent malgré tout une exception.» Dans les régions rurales, les familles se rabattent souvent sur un engagement de type religieux qui fait fi des dispositions légales sur l'âge et le contentement des promis. Le mariage des mineures est un sujet récurrent au sein de l'hémicycle et les députés planchent depuis plusieurs mois sur les moyens d'y remédier, mais peinent à trouver un terrain d'entente. Le ministre de la Justice estime cependant que « la question est sensible» et qu'il faut «prendre en compte les spécificités de la société» (sic !). Les défenseurs des droits des femmes ont toujours jugé les textes en vigueur insuffisantes et appellent à des réformes pour les mettre en phase avec l'arsenal législatif adopté depuis, comme la constitution de 2011 ou la loi contre les violences faites aux femmes, adoptée en septembre 2018. L'âge au premier mariage des femmes au Maroc est passé de 26,3 ans à 25,7 ans entre 2004 et 2014, selon les chiffres officiels publiées par le Haut-commissariat au Plan. Selon le département de la Justice, 41.669 demandes de mariages de mineurs -dont 99,0% concernent des filles- ont été déposées en 2015 et 85,1% de ces demandes ont été acceptées.