A Alger, les manifestants scandaient vendredi leur refus de l'hégémonie de l'armée et des manœuvres du pouvoir pour se régénérer. Le mouvement populaire de contestation en Algérie est entré dans son douzième mois, vendredi 3 janvier. La mobilisation reste considérable dans la capitale, où les manifestants scandaient leur refus de la mainmise de l'armée sur la scène politique et les manœuvres d'un pouvoir contesté pour se régénérer. Une foule nombreuse a convergé depuis le début d'après-midi de divers axes de la capitale vers le centre-ville, point de ralliement des manifestants. Après avoir obtenu en avril 2019 le départ d'Abdelaziz Bouteflika, président depuis vingt ans et la remise en liberté provisoire de nombreux militants du mouvement de contestation, le 2 janvier, dont une de ses figures, Lakhdar Bouregaâ, 86 ans, vétéran de la guerre anticoloniale, le mouvement de contestation entend désormais aller «jusqu'au bout de ses objectifs », en obtenant le départ des piliers du régime qui dirige sans partage l'Algérie depuis son indépendance en 1962. « Nous demandons un Etat civil et refusons un Etat militaire», lançait notamment la foule en chœur dans la capitale. Malgré la libération d'une quinzaine d'autres personnes placées en détention préventive depuis plusieurs mois, la contestation populaire a réclamé un Etat de droit, la liberté d'expression et la libération de tous les détenus d'opinion. L'Algérie a désigné le 28 décembre un nouveau premier ministre. L'universitaire Abdelaziz Djerad, 65 ans, ancien secrétaire général à la présidence de la République et du ministère des affaires étrangères, qui annoncé la composition de son gouvernement le jeudi janvier, plus de trois semaines après l'élection d'Abdelmadjid Tebboune à la tête de l'Etat, lors d'une présidentielle largement contestée par la population. Djerad, loin de faire partie du personnel du régime ou du clan ayant entouré Abdelaziz Bouteflika, a défendu la contestation populaire. Il reste à savoir si son appareil sera à la mesure des défis politiques, économiques et institutionnels qu'affronte l'Algérie.