Forte hausse du nombre de mariages d'enfants au Maroc a été constatée, alors qu'une prise de conscience du public des contrecoup de ces unions, notamment sur la santé et le niveau de vie, a été déclenchée. Les Nations unies ont annoncé une nouvelle initiative pour faire progresser les efforts visant à mettre fin au mariage des enfants d'ici 2030 et à protéger les droits de millions de filles parmi les plus vulnérables du monde. L'initiative du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et du Fonds des Nations Unies pour la population (Fnuap), annoncée à l'occasion de la Journée internationale de la fille, s'inscrit dans un effort mondial visant à empêcher les filles de se marier trop jeunes et à soutenir celles qui sont déjà mariées dans 12 pays En Afrique, en Asie et au Moyen-Orient, où les taux de mariage des enfants sont élevés. «Choisir quand et avec qui se marier est l'une des décisions les plus importantes de la vie. Le mariage des enfants prive chaque année de millions de filles de ce choix», a déclaré le Dr. Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif du Fnuap, dans un communiqué de presse. «Dans le cadre de ce programme mondial, nous travaillerons avec les gouvernements des pays à forte prévalence de mariages d'enfants pour faire respecter les droits des adolescentes, afin que celles-ci puissent réaliser leur potentiel et que les pays atteignent leurs objectifs de développement social et économique.» Dans son avis émis en septembre, Le CESE a indiqué que ce fléau ne cesse d'accroître au Maroc (32.104 demandes de mariage d'enfants enregistrées en 2018, contre 30.312 en 2006), ces statistiques ne prenant pas en considération les mariages informels. Le Conseil a conseillé d'adopter une stratégie globale qui repose sur trois axes majeurs, l'amélioration du cadre juridique et du système judiciaire par l'abrogation des articles 20, 21 et 22 ayant trait aux mariages des enfants; lutter contre les pratiques préjudiciables aux enfants et aux femmes en mettant en œuvre différentes politiques et actions publiques à l'échelle nationale et territoriale ; et enfin améliorer et assurer le suivi et l'évaluation de l'éradication de la pratique du mariage d'enfants. Encore que la Moudawana ait relevé l'âge légal du mariage pour les filles âgées de 15 à 18 ans, les mineures sont encore poussées vers le mariage. La loi exige que les deux parties – femmes et hommes – consentent au mariage. Les femmes n'ont plus besoin du consentement d'un tuteur masculin pour se marier. Malgré l'interdiction légale, les mariages d'enfants sont encore courants, ce qui est rendu possible par les lacunes du code de la famille qui confèrent aux juges le pouvoir discrétionnaire de les autoriser sous conditions. Avec la participation des familles, des communautés, des gouvernements et des jeunes, l'initiative mettra l'accent sur des stratégies éprouvées, notamment l'amélioration de l'accès des filles à l'éducation et aux services de santé, l'éducation des parents et des communautés sur les dangers du mariage des enfants, l'augmentation du soutien économique aux familles, et le renforcement et l'application des lois qui fixent à 18 ans l'âge minimum du mariage. «Le monde a pris conscience des dommages causés par le mariage précoce aux filles, à leurs futurs enfants et à leur société», a déclaré Anthony Lake, directeur général de l'Unicef. «Ce nouveau programme mondial contribuera à sensibiliser les filles les plus exposées aux risques et à aider davantage de filles et de jeunes femmes à exercer leur droit de dicter leur propre destin. «C'est crucial maintenant, car si les tendances actuelles se maintiennent, le nombre de filles et de femmes mariées comme enfants atteindra près d'un milliard d'ici à 2030 – un milliard d'enfants perdus, un milliard d'avenir brisés» relève l'ONU. Le mariage des enfants est une violation des droits des filles et des femmes. Les filles mariées dans leur enfance risquent davantage de ne pas aller à l'école, de subir des violences domestiques, de contracter le VIH / sida et de mourir des suites de complications durant la grossesse et l'accouchement. Le mariage d'enfants nuit également aux économies et conduit à des cycles de pauvreté intergénérationnels, note l'institution onusienne.