Quinze mille soldats, des centaines de chars, des missiles et des avions… Pékin a fait une démonstration de force alors qu'à Hongkong des manifestants ont promis de gâcher la fête. Quinze mille soldats, des centaines de chars, missiles et avions de combat ont défilé, mardi 1er octobre, à Pékin devant les plus hauts dirigeants du pays rassemblés au balcon de la place Tiananmen, l'endroit même où Mao Tsé-toung proclama la République populaire le 1er octobre 1949. «Rien ne peut ébranler les fondations de notre grande nation. Rien ne peut empêcher la nation et le peuple chinois d'aller de l'avant», a lancé le président Xi Jinping, habillé en costume Mao sombre, en donnant le coup d'envoi des célébrations. Des milliers d'invités rassemblés sur l'immense place ont agité une mer de fanions rouges face au président chinois, qui venait de passer les troupes en revue, avant le départ du défilé, le plus grand jamais organisé par la Chine, selon le quotidien nationaliste Global Times. Des hélicoptères ont ouvert le défilé aérien en deux formations dessinant le chiffre « 70 » dans le ciel de la capitale chinoise, voilé par un indésirable nuage de pollution. La pointe de la technologie militaire chinoise a été exhibée, notamment le missile nucléaire intercontinental DF-41, qui a défilé pour la première fois. Cet engin, d'une portée supposée de 14 000 km, pourrait en théorie atteindre le territoire des Etats-Unis. L'événement vise à faire vibrer la fibre patriotique en célébrant l'émergence de la République populaire au cours des dernières décennies et son statut de deuxième puissance économique mondiale. Mais à 2.000 km au sud de Pékin, les manifestants hongkongais, qui défient le régime communiste depuis près de quatre mois, ont appelé à une « journée de colère » ce mardi, également férié dans l'ancienne colonie britannique rendue à la Chine en 1997. «Nous nous attendons à ce que la situation demain soit très, très dangereuse», a averti lundi John Tse, haut responsable de la police locale dans le territoire autonome. «Les émeutiers radicaux sont en train d'élever leur niveau de violence. La profondeur et l'ampleur de leur violence et de leur projet montrent qu'ils se livrent de plus en plus à des actes de terrorisme», a-t-il accusé. Dès mardi matin, les autorités de Hongkong ont intensifié les contrôles d'identité et les fouilles dans les rues et les transports en commun alors que plus d'une douzaine de stations de métro ont été fermées. Les manifestants entendent profiter des célébrations pour crier encore plus fort leur ressentiment à l'encontre du régime chinois, dénoncer le recul des libertés et la violation, selon eux, du principe «Un pays, deux systèmes» qui avait présidé à la rétrocession de 1997. Le pouvoir glorifie le rôle historique de Mao Tsé-toung comme fondateur du régime, tout en gommant ses aspects dramatiques. Selon un bilan avancé par de nombreux sinologues à l'étranger, les campagnes politiques et économiques du Grand Timonier se sont traduites par la mort de 40 à 70 millions de personnes. La puissance chinoise est contestée par le président américain Donald Trump, qui a déclenché l'an dernier une guerre commerciale contre Pékin à coup de droits de douane punitifs. L'économie chinoise a commencé à accuser le coup. Les festivités se déroulent sous très haute surveillance : seul un public trié sur le volet est admis sur l'immense avenue de la Paix éternelle pour voir passer le défilé. Le défilé militaire est suivi d'une grande parade rassemblant quelque 100 000 figurants enthousiastes autour de 70 chars de carnaval, un drapeau national géant et un portrait de Mao. La journée doit s'achever par un feu d'artifice colossal tiré depuis la place Tiananmen.