L'ONG Médecins sans Frontières (MSF) a accusé ce lundi 23 septembre l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) de « rationner » le vaccin des laboratoires Merck, le seul utilisé à ce jour pour lutter contre la propagation du virus Ebola dans l'est de la République démocratique du Congo. «Un des problèmes majeurs réside aujourd'hui dans le fait qu'en pratique, le vaccin est rationné par l'Organisation mondiale de la Santé, et que trop peu de personnes à risques sont aujourd'hui protégées», écrit MSF dans un communiqué. MSF, fustigeant «l'opacité» de l'OMS, demande «la création d'un comité de coordination international indépendant», pour «améliorer la coordination de la vaccination», et «garantir la transparence sur la gestion des stocks et le partage des données». Jamais depuis sa première apparition en 1976 dans ce pays d'Afrique centrale, la maladie du virus d'Ebola n'a eu une telle extension, n'a fait autant de victimes, n'a autant duré. Déclarée le 1er août 2018, l'épidémie Ebola qui sévit sur le sol congolais a tué plus de 2 100 personnes. En juillet dernier, l'OMS a élevé la menace Ebola au rang «d'urgence de santé publique de portée internationale». Au total 225 000 personnes ont été vaccinées, «mais ce nombre reste largement insuffisant», selon MSF. «Jusqu'à 2000-2500 personnes pourraient être vaccinées chaque jour, contre un rythme actuel de 500 à 1 000 personnes», affirme dans le communiqué la directrice des opérations de MSF, Isabelle Defourny. Le communiqué de MSF a été publié sur fond de polémiques sur l'introduction d'un deuxième vaccin anti-Ebola. « Le deuxième vaccin est en cours d'examen », a déclaré le coordonnateur de la riposte anti-Ebola du ministère congolais de la Santé, le Dr Jean-Jacques Muyembe. «Nous continuons avec le premier vaccin dans les endroits où il y a l'épidémie. Le deuxième vaccin sera utilisé sans doute en dehors des zones épidémiques pour protéger la population», a-t-il ajouté. L'ex-ministre de la Santé Oly Ilunga avait démissionné, le 22 juillet, en dénonçant des tentatives d'introduction d'un deuxième vaccin «par des acteurs qui ont fait preuve d'un manque d'éthique manifeste».