Le Roi Mohammed VI fête ses 56 ans le 21 août de chaque année. Cette année, les festivités de l'anniversaire royal ont été annulées. Selon un communiqué du ministère de la Chancellerie, le Roi annonce avoir décidé « de ne plus organiser, à partir de cette année, la cérémonie officielle » sans préciser les raisons de cette décision. Pourtant, bien que le ministère royal n'ait rien étayé autour de cette décision d'annulation, reste que l'anniversaire du Roi était une cérémonie attendue par une pléthore de personnalités politiques, diplomatiques, militaires et artistiques. La célébration de l'anniversaire du monarque était, à la base, une décision politique. La première fois que la Fête de la Jeunesse a été célébrée fût en 1956, sur proposition d'Ahmed Bensouda, ministre de la Jeunesse du premier gouvernement post-indépendance. Cette idée de célébrer l'anniversaire du prince héritier, Moulay Hassan, et par là-même, célébrer la jeunesse marocaine qui était au centre du mouvement national, plait au Roi Mohamed V. Lors du règne du Roi Hassan II, l'anniversaire royal était marqué d'une célébration des plus mondaines. Feu le monarque appréciait les festivités avec les convives du beau monde et ce, jusqu'au coup d'Etat de 1971 perpétré lors de sa fête d'anniversaire à Skhirat, lorsqu'une centaine de cadets de l'Ecole militaire des sous-officiers de Ahermoumou envahissent le palais royal dans le but de renverser le régime. La décision du Roi Mohammed VI d'annuler la célébration de sa fête d'anniversaire est survenue quelques temps après le discours de la Fête du Trône, dans lequel le Souverain a fait état des inégalités sociales persistantes parmi les citoyens marocains. Se disant peiné de voir qu'il y a des Marocains qui manquent de nécessités les plus basiques et qui vivent dans la précarité. Le Roi avait également appelé à un célébration très sobre et « normale » de la Fête du Trône, avant le discours marquant cette fête. Par une simple rétrospection autour des 20 ans de règne du Roi Mohammed VI, et outre les changements structurels qu'il a initiés dans le pays, il est facilement remarquable que le monarque actuel se démarque de ses ancêtres par une approche plus moderne à la monarchie. Le Roi Mohammed VI est celui qui a boycotté le baise-main royal, mais aussi celui qui a pour la première fois dans l'Histoire du Maroc initié la monarchie constitutionnelle et participative où les prérogatives royales sont clairement définies par la loi suprême de la Nation. Pour Hicham Mouatadid, politologue, cette décision « s'inscrit dans le cadre d'un esprit de changement entrepris par le Roi Mohammed VI depuis son accession au trône afin de moderniser l'institution de la monarchie marocaine. Cette décision traduit une volonté politique de renforcer la dimension socio-citoyenne de l'institution monarchique et s'aligne politiquement et juridiquement avec les nouvelles dispositions de la constitution de 2011 » En même temps, le discours royal de la Fête du Trône avait rappelé le gouvernement à l'ordre, en reprochant une insuffisance dans le travail. A travers ce discours, le Roi a également tracé la ligne directrice de l'action gouvernementale, en plaçant les politiques sociales à la tête des priorités. Ainsi, dans la dernière note de cadrage concernant le Projet de loi de finances 2020 signée Saâdeddine El Othmani, les départements ministériels on été tenus de réduire leurs dépenses de fonctionnement dans l'élaboration de leur besoins budgétaires. Le Roi Mohammed VI n'a pas l'air de faillir à sa règle. L'annulation des festivités de son anniversaire reste bel et bien une économie budgétaire, qui se glisse parfaitement dans le contexte de son discours où il fustige les inégalités, et exprime son empathie avec les plus démunis. M. Mouatadid affirme que « le concept de la bonne gouvernance et la responsabilité politique à l'égard de la bonne gestion des ressources publiques étaient toujours au cœur des discours et messages du Roi et ce, depuis les premières années de son règne. L'annulation des festivités et réceptions célébrant la fête de la jeunesse marocaine se veut également une action qui vise une meilleure redirection des budgets« . Encore plus, le Roi donne l'exemple, en supprimant une si grande célébration, à ses subordonnés politiques, en leur montrant que cette « culture du tout festif » n'est plus d'actualité, et que le rôle premier d'un décideur politique est de trouver des solutions, non pas de bénéficier d'occasions mondaines sélectives, ainsi, « cette décision se veut un signe d'initiative royale pour encourager les responsables des institutions publiques à réaliser des actions concrètes qui cadrent avec l'esprit de la constitution de 2011 et sa mission citoyenne et socio-économique« , nous affirme M. Mouatadid. Si ces décisions royales témoignent de quelque chose, il s'agit bel et bien du fait que nous sommes face à une monarchie adaptative, qui suit les changements sociaux du pays et qui s'y cadre par souci d'empathie, de modernisation et d'une véritable envie de changement. Le Roi Mohammed VI a su concéder changements et réformes, selon les différents soubresauts qu'a connus le pays, et les différentes demandes des citoyens.