L'action du FMI et de la Banque mondiale pour combattre la pauvreté en Afrique s'est soldée par des résultats mitigés depuis la création de ces institutions il y a 75 ans. Et ce, malgré une croissance économique soutenue ces dernières années dans le continent. Aujourd'hui, les institutions de Bretton Woods sont confrontées simultanément au besoin d'investissements massifs dans les infrastructures du continent, notamment ceux de l'Afrique subsaharienne, de créations d'emplois pour faire face à l'explosion démographique ainsi qu'à la menace que fait peser le changement climatique dans une région incapable d'en supporter les coûts. Malgré une croissance économique en expansion de 3,5% du PIB noté en Afrique Subsaharienne, – contre 3% en 2018 -, cette région reste la plus touchée par l'extrême pauvreté. En effet, la tendance haussière enregistrée ces dernières années reste insuffisante pour créer les 20 millions d'emplois qui seraient nécessaires chaque année pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail, a averti le Fonds en avril dernier. La Banque mondiale a présenté des données montrant que le taux des personnes vivant avec tout au plus 1,90 dollar par jour, a nettement diminué à l'échelle planétaire tombant à 10% en 2015 contre environ 30% en 1990. En revanche, en Afrique subsaharienne, ce pourcentage continue d'augmenter. Il y a quatre ans de cela, cette zone comptait plus de la moitié des gens extrêmement pauvres dans le monde. Selon les prévisions de l'institution, d'ici 2030, près de 9 personnes sur 10 vivant dans l'extrême pauvreté seront originaires de cette région du monde, alors que la population du continent va s'accroître dans le même temps de 1,3 milliard, soit plus de la moitié de la croissance de la population mondiale. La population africaine en âge de travailler devrait passer de 705 millions de personnes en 2018 à près d'un milliard d'ici 2030, selon la Banque africaine de développement (BAD). « Dans les 20 prochaines années, l'économie mondiale sera deux fois plus importante qu'elle ne l'est aujourd'hui. L'infrastructure dont nous avons besoin pour soutenir l'économie Africaine devra doubler« , a souligné Masood Ahmed, qui a longtemps travaillé au FMI et à la Banque mondiale. Pour accompagner l'Afrique, David Malpass, président de la Banque mondiale, prône une approche ciblée pays par pays pour mieux répondre aux problématiques spécifiques de chaque économie. Il recommande en particulier d'éliminer les monopoles d'Etat et la mise en place d'un solide cadre juridique permettant le lancement d'entreprises et l'acquisition des compétences nécessaires pour occuper les emplois créés. De son côté, le FMI encourage les pays africains à progresser dans la mise en place de la zone de libre-échange continentale pour l'Afrique. La quasi-totalité des pays africain ont déjà ratifié l'accord destiné à stimuler les échanges et donc la croissance. »Cette nouvelle entité pourrait changer la donne sur le continent », avait estimé au printemps le FMI, avec un marché de 1,2 milliard d'habitants et un PIB cumulé de 2.500 milliards de dollars. Une croissance économique plus soutenue serait donc prévisible pour l'Afrique qui pourrait faire de sa croissance démographique et de ses échanges continentales un atout économique plutôt qu'un désavantage.