En deux jours d'intervalle, des sources militaires américaines ont fait état de la localisation de Oussama Ben Laden. Khaled Al Zawahri, fils de Ayman Al Zawahri, l'un des adjoints les plus influents de Ben Laden, serait déjà sous les verrous, depuis deux jours. Mais toujours pas l'ombre de Ben Laden ! Hier, à la mi-journée, les nouvelles les plus folles couraient sur l'imminence de l'arrestation de Oussama Ben Laden. Des sources militaires américaines se sont même départies de toute réserve, pourtant habituelles dans ces genres d'opérations, pour inonder de flots de déclarations un correspondant de Reuters et plusieurs reporters dépêchés dans la région. Beaucoup de chaînes américaines diffusaient en boucle la nouvelle, montrant 8 000 soldats pakistanais, le pied à l'étrier, assistés de forces spéciales américaines dans une traque d'envergure censée porter le coup de grâce aux terroristes. A l'heure où nous mettions sous presse, l'opération conjointe menée par les forces américaines et pakistanaises se poursuivait avec acharnement sur la frontière pakistano-afghane, en territoire Pachtoune, là où le chef d'Al Qaeda aurait été localisé. Certaines informations parues dans le fil Internet de Netscape News, partenaire de la CNN, font état d'arrestations ou d'exécutions de plusieurs membres de l'Etat-major de la mouvance islamiste. Mais pas l'ombre de Ben Laden. Pourtant, en deux jours, le commandement central des forces américaines a, à deux reprises, fait état de « l'imminence de la capture de figures clés du terrorisme ». Pressé par les questions, le porte parole des forces américaines, le Lieutenant Colonel Matt Beevers, a tempéré ses propos sous la pression des médias : «Si nous savons où se trouve Oussama Ben Laden, nous allons le capturer immédiatement». Avant de se rattraper pour dire, «que la roue est en train de tourner pour ces gars là » ! Beevers ajoute que l'urgence de l'arrestation concerne aussi deux autres figures très recherchées, à savoir le Mollah Omar et son ex-Premier ministre Gulbuddin Kekmayter. « Nous sommes déterminés dans nos efforts pour les traquer et mettre la main sur eux ». Les nouvelles informations sur Ben Laden proviendraient de l'arrestation de 25 personnes dans les zones tribales pakistanaises et soupçonnées d'appartenir à Al Qaeda. De sources concordantes au Pakistan, Khaled Al Zawahri, fils de Ayman Al Zawahri, l'un des adjoints les plus influents de Ben Laden, serait même entre les mains des Américains depuis deux à trois jours, au quartier général américain, dans le Nord de l'Afghanistan. De son côté, le porte parole du ministère pakistanais des affaires générales se contente de qualifier de « spéculations » les informations sur la capture de Ben Laden. « Nous n'avons pas encore d'informations », déclare-t-il, alors que les services de renseignements du pays expliquent toute cette effervescence par l'arrestation de trois femmes titulaires de passeports du Kazakhstan, au cours d'un raid sur les zones tribales. « Nous n'avons pu prendre pour le moment que des munitions, des passeports et des moyens d'enregistrement audio». En attendant, les généraux américains, qui accusaient le Pakistan de ne pas faire assez dans la traque de Al Qaeda le long de ses frontières, se réjouissent désormais ouvertement de la coopération étroite qui prévaut sur le terrain. Les deux armées ont pour objectif de contrôler le trafic le long de la frontière, de manière à la rendre imperméable. Ce regain de vitalité des forces pakistanaises serait-il dû aux récentes révélations ayant impliqué le père de la bombe atomique pakistanaise, accusé d'avoir donné des informations sur l'énergie atomique à la Libye, la Corée du Nord et l'Iran ? Beaucoup d'observateurs se posent cette question, ajoutant en outre que la capture de Ben Laden, si elle s'avérait, aura des influences différentes dans les opinions des deux pays. A suivre.