L'interdiction d'une manifestation de la Jeunesse du PJD (Parti de la justice et du développement) pourrait prendre une nouvelle tournure. Joint au téléphone par ALM, le secrétaire général de la JJD, Mustapha Baba, annonce le dépôt d'une plainte auprès de la justice contre les responsables qui ont pris la décision. L'affaire sera en effet, inédite dans les annales de l'histoire politique au Maroc. Si la jeunesse du parti allait jusqu'au bout dans cette saisine, il sera probablement la première plainte d'un parti de la majorité contre un département géré par un autre parti de cette même majorité gouvernementale. Selon Baba, la jeunesse du PJD n'a pas été trop convaincue par les raisons invoquées par les autorités locales pour expliquer l'interdiction de la manifestation qui devait connaître la participation du chef de gouvernement. «Nous avons respecté la démarche d'usage pour l'obtention de l'autorisation afin d'organiser un événement sur l'espace public. Nous avons fourni tous les documents nécessaires il y a plusieurs mois. Mais l'interdiction nous a été notifiée le jour même, ce qui nous a causé des dommages sur les plans financier et organisationnel», explique Baba. Et de poursuivre : «Dans la matinée du samedi, nous avons reçu une instruction orale demandant l'annulation de notre manifestation sachant que la place concernée à déjà accueilli et à plusieurs reprises des manifestations organisées par des associations et des partis politiques. Mais nous avons refusé cette interdiction tant que nous n'avions pas obtenu une décision écrite et signée. Nous allons recevoir plus tard une lettre signée par le chef de la circonscription alors que notre demande d'autorisation a été adressée au gouverneur». Quelques temps après, la JJD décidera d'organiser un sit-in dans l'endroit qui devait accueillir la cérémonie de clôture du meeting avant l'interdiction. Mais les responsables de la jeunesse et également ceux du parti ne comptent pas s'arrêter à ce niveau. «Le Maroc vit dans un nouveau contexte marqué par une nouvelle constitution. C'est pour cette raison que notre réponse se fera à travers les institutions en place. Nous avons donc pris la décision de saisir la justice. De même, les parlementaires du parti vont demander des explications au ministre de l'intérieur, Mohand Leanser, sur les raisons de cette interdiction», annonce Baba. Les observateurs voient dans cet événement, les prémisses d'une nouvelle confrontation entre le PJD et le ministre de l'intérieur qui est également secrétaire général du Mouvement Populaire, un parti allié du PJD au Parlement. Cette confrontation devra également renforcer les doutes sur l'homogénéité de la majorité gouvernementale actuelle qui regroupe, outre le PJD et le MP, les partis de l'Istiqlal et le PPS. Par ailleurs, des informations circulant en ce moment, remettent en cause le choix du JJD d'organiser son meeting dans la ville de Tanger. Un choix qui ne serait pas innocent puisque la ville connaîtra, en mois d'octobre, des élections partielles après que le conseil constitutionnel ait invalidé l'élection de trois députés PJDistes pour utilisation de symboles religieux dans la campagne électorale précédant les dernières législatives. Une manœuvre politique serait-elle à l'origine du choix de la ville de Tanger? Non, rétorque le secrétaire général de la jeunesse du parti. Pour ce dernier, le choix de la ville a été décidé en janvier dernier, soit des mois avant l'invalidation par les magistrats du Conseil constitutionnel de la liste du parti dans les dernières élections. Pourtant, les dirigeants du parti du PJD étaient présents en force lors de cette manifestation à commencer par Abdelilah Benkirane, le chef de l'Exécutif qui fait le déplacement dans la ville du détroit, en passant par tous les ministres du parti dans le gouvernement actuel.