L'exploitation irresponsable des ressources halieutiques met sérieusement en péril le stock de poissons dans la baie d'Al Hoceima, et nécessite une intervention urgente de toutes les parties concernées, a affirmé le président de l'Association de Gestion Intégrée des Ressources (AGIR), Houssine Nibani. Les menaces qui pèsent sur les ressources de poisson sont nombreuses notamment la pêche des alevins (Âœufs des poissons) et la pêche de poissons de taille minima (juvéniles), a indiqué M. Nibani, dans un entretien accordé à MAP-Al Hoceima, ajoutant que ces pratiques empêchent la reproduction optimale des poissons et mettent sérieusement en danger la durabilité du stock existant. Par ailleurs, a-t-il ajouté, "certains chalutiers ne respectent pas la loi interdisant de pêcher dans une faible profondeur et près des côtes, qui constituent des espaces de reproduction pour les poissons, et cela d'autant plus qu'il est difficile de les prendre sur les faits en l'absence des moyens informatiques nécessaires, le GPS notamment". Même son de cloche pour le président de l'Association des marins pêcheurs à Al Hoceima, Mohamed Benziane, qui rappelle que le phénomène de diminution des réserves halieutiques ne date pas d'hier puisqu'on a déjà assisté dans les années 1990 à la disparition totale des anchois dans la baie d'Al Hoceima. Parmi les raisons qui ont abouti à cette pénurie de poissons, on trouve l'adoption de techniques de pêche destructrices du biotope, notamment celles installées à bord de certains bateaux de pêche interdits, l'utilisation de filets avec de minces mailles, l'utilisation de la TNT, outre les produits chimiques versés dans les rivières et qui s'acheminent jusqu'aux côtes. Ces facteurs humains sont accentués ces dernières années par des facteurs naturels, notamment le réchauffement climatique qui s'incarne dans le manque de pluie nécessaire à la reproduction des poissons, à l'éclosion des Âœufs et par conséquent à la viabilité de l'écosystème, a ajouté M. Benziane. A cet effet, les deux acteurs associatifs ont été unanimes sur ce que pour remédier à cette situation, il est primordial de diligenter un plan d'action global qui inclut toutes les mesures urgentes à mettre en Âœuvre notamment la programmation d'un repos biologique, la sensibilisation des pêcheurs et des citoyens, le contrôle des tailles des mailles des filets, le bannissement des filets connus sous le nom de moustiquaires (ayant de très petites mailles), et la protection des zones de reproduction. Dans la même optique, le délégué régional de la pêche maritime à Al Hoceima, Driss Tazi, a souligné que dans l'objectif d'atténuer les méfaits de cette exploitation excessive et irresponsable, une commission spéciale sera créée pour assurer le suivi et le contrôle des ressources de poisson exploitées et veiller au respect des lois en vigueur. Cette commission sera composée de la délégation de la pêche maritime, l'office national de la pêche maritime, la gendarmerie royale, les autorités locales et les professionnels, a-t-il précisé. Par ailleurs, a-t-il dit, la délégation régionale de la pèche maritime compte organiser des rencontres de sensibilisation au profit de la société civile (associations, coopératives, syndicats) comme elle a prévu la tenue d'un colloque scientifique qui rassemblera les chercheurs et les professionnels du secteur. Il a assuré, d'autre part, que la délégation est en train de développer des projets visant la reconstitution des ressources halieutiques perdues en créant des récifs artificiels et en encourageant l'aquaculture, notant que la mise en Âœuvre de ces mesures nécessite la collaboration et la mobilisation des efforts de toutes la parties prenantes dans la région.