La Haute Autorité de la communication audiovisuelle est entre deux feux face à la nouvelle version du cahier des charges de l'audiovisuel. Et ce, quelques jours après l'adoption par le Conseil de gouvernement le 16 août 2012 du cahier des charges du ministre de la communication Mustapha El Khalfi, revu et corrigé par la commission ministérielle présidée par Nabil Benabdellah, ministre de l'habitat et ancien ministre de la communication. Aujourd'hui donc, tous les regards se dirigent vers la HACA qui devrait examiner ce projet et statuer autour. En concertation depuis quelques jours, les membres de la HACA, conscients de la situation délicate qui impose à la fois réactivité et pertinence dans la prise de position, devraient tenir une réunion ce lundi, a indiqué à ALM un membre ayant requis l'anonymat. Selon ce dernier, deux points de vue ressortent de concertations préliminaires. Il y a d'un côté une position selon laquelle les nouvelles propositions du cahier des charges modifié (voir encadrés page 5) ne sont pas très importantes et ont une portée superficielle. Et de l'autre côté des sages qui pensent que le nouveau projet élaboré a produit des changements profonds à la première mouture. Ainsi, lors de la réunion de ce lundi, chacune des deux visions s'opposant au sein de la HACA devra présenter ses arguments. «Aujourd'hui par sa décision, la HACA doit autant préserver son indépendance que celle des opérateurs de l'audiovisuel par rapport aux politiques», estime la même source. Pour mieux comprendre le dilemme dans lequel se trouve actuellement la Haca, rappelons que cette instance avait, dans un premier temps et dans un contexte politique particulier, adopté à la hâte la première version du cahier des charges élaboré par Mustapha El Khalfi, ministre (PJD) de la communication et publiée le 28 mars. L'examen du projet avait alors demandé une journée, son adoption a eu lieu le 29 mars. Considérée comme de «la légèreté dans le traitement des cahiers des charges», une telle rapidité de réaction de la part de la HACA avait alors suscité de vives critiques, mettant en cause l'indépendance de cette institution constitutionnelle. Ceci sans parler du contenu du cahier des charges qui n'avait pas plu aux responsables des deux chaînes publiques, le qualifiant «de projet politicien imposant une programmation islamiste aux opérateurs audiovisuels». A l'issue de ce bras de fer et de la polémique autour du rôle de la HACA, un remaniement à la tête de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) était venu rappeler à l'ordre. Jeudi 10 mai, le Souverain avait nommé Amina Lemrini El Ouahabi, une ancienne membre du Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH), présidente du Conseil supérieur de la communication audiovisuelle, instance délibérante de la HACA. Cette militante de gauche (PPS) prend ainsi les rênes de cette institution constitutionnelle de régulation du paysage audiovisuel en remplacement de Ahmed El Ghazali. Une autre nouvelle nomination a eu lieu à la tête de la Direction générale de la communication audiovisuelle, organe administratif et technique de la HACA. Nawfel Raghay avait cédé sa place à Jamal Eddine Naji, un expert de la communication audiovisuelle. Ainsi aujourd'hui, c'est avec prudence que la Haca se doit de donner son aval autour des cahiers des charges.