La dépense totale des retraites représenterait 10 pc du PIB à l'horizon 2050 alors que les recettes seraient de 2,6 pc du PIB, générant des déficits considérables de l'ordre de 7,4 pc, selon une étude menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP). Ces chiffres ont été déclinés lors d'une rencontre organisée mercredi par le HCP et destinée à présenter le rapport de cette étude réalisée en collaboration avec le Centre d'Etudes prospectives et d'Informations internationales (CEPII) de France, dans le but d'évaluer l'impact du choc démographique sur la viabilité financière du système de retraite, sur l'épargne et sur l'investissement. Le HCP et le CEPII ont développé ainsi un modèle pour projeter la tendance de la situation actuelle et simuler des scénarii alternatifs sur la base d'un ensemble d'hypothèses concernant le système de retraite au Maroc. Ainsi le premier scénario de base étudié (S1) traite de l'impact de l'évolution démographique sur la situation financière du système de retraite marocain et sur la situation macroéconomique, au cas où la législation demeure inchangée. Selon ce scénario, la transition démographique se traduirait par une détérioration de la situation financière des régimes de retraite, notamment la Caisse marocaine des retraites (CMR), le Régime collectif d'Allocation de retraite (RCAR), la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraites (CIMR). L'étude révèle que la dépense totale des retraites devraient représenter 10 pc du PIB à l'horizon 2050, alors qu'elle ne représentait que 3 pc du PIB en 2010. En revanche, les recettes seraient en baisse, passant de 3,2 pc du PIB à 2,6 pc. Cet écart, précise l'étude, va générer des déficits considérables de l'ordre de 7,4 pc du PIB en 2050 au lieu d'un léger excédent de 0,23 pc du PIB en 2009. Les déficits du système de retraites impliquent une réduction de l'épargne publique et donc de l'épargne agrégée, note l'étude, qui souligne que l'effet du vieillissement sur l'épargne agrégée aura des effets négatif sur l'investissement. Parallèlement au S1, d'autres scénarii ont également été étudiés. Le premier traite des effets d'une amélioration du taux d'emploi sur la situation des caisses de retraites alors que les autres traitent de différentes hypothèses de réformes qui permettraient de maintenir à chaque période l'équilibre financier du système de retraite ou qui pourraient alléger les conséquences négatives du vieillissement. Un dernier scénario étudie l'opportunité d'une réorganisation institutionnelle des systèmes de retraite dans le sens d'une unification de certains d'entre eux. Ainsi, le second scénario (S2) prévoit une hausse des taux d'activité au Maroc. Pour les nouvelles générations qui entrent sur le marché du travail à partir de 2015, fait remarquer l'étude, il est supposé que le taux d'activité des femmes se situerait au même niveau de celui des hommes du même âge, induisant une augmentation du taux d'emploi au niveau national de plus de 21,5 points en 2050. Dans ces conditions, le déficit total du système de retraite représenterait 5,5 pc du PIB contre 7,4 pc du BIP prévu dans le scénario de base (S1). L'étude a fait état d'autres scénarii (S3 et S4) visant à déterminer les ajustements nécessaires pour équilibrer à chaque période tous les régimes de retraite, et donc annuler le déficit technique. Selon cette hypothèse, l'épargne agrégée serait en légère amélioration et le taux d'investissement s'accroitrait. Le 5ème scénario repose sur l'augmentation de l'âge de départ à la retraite. Cela, relève l'étude, aurait un effet positif sur le nombre de travailleurs mais l'effet macroéconomique de cette réforme serait très modeste. Le 6ème scénario prédit une couverture obligatoire pour les nouveaux travailleurs dans l'objectif d'augmenter le nombre de cotisants. Cette réforme permettrait selon l'étude d'assurer progressivement la hausse du taux de couverture, lequel pourrait atteindre presque 90 pc à l'horizon 2050 au lieu de 30 pc retenu dans le scénario S1. L'étude a fait état d'un dernier scénario visant à réduire le déficit à l'horizon 2050. Il s'agit de la réorganisation du système de retraite. Les caisses de retraite, à l'exception de la CIMR, fusionnent en constituant un seul régime à partir de 2015. La situation financière de ce nouveau régime serait nettement améliorée par rapport à celle des trois caisses considérées séparément. Sur le plan macroéconomique, la réduction des déficits générés par cette fusion permet d'augmenter l'épargne agrégée, ce qui garantit une accumulation de capital plus importante et donc une croissance économique plus élevée. Ce modèle développé par le HCP et le CPII a pris en considération l'interaction entre la sphère économique et les régimes de retraite. Il fournit un cadre cohérent qui permet d'analyser les impacts du choc démographique sur l'évolution de l'offre du travail et du capital.