Le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, rencontre ce jeudi les présidents des groupes parlementaires de la majorité gouvernementale. Une réunion qui intervient à un moment où les dissonances au sein des partis politiques de la majorité n'ont pas encore disparu. M. Benkirane aura ainsi fort à faire pour rameuter les troupes de sa majorité au Parlement. En effet, des divergences ont fait surface dernièrement en raison des récentes frictions entre le ministre de l'intérieur, Mohand Laenser, également secrétaire général du Mouvement populaire, et certains députés du PJD (Parti de la justice et du développement). En effet, les questions orales du groupe du parti de la lampe frôlent parfois la critique au point que les échanges des deux parties ressemblent plutôt à une prise de bec entre un membre du gouvernement et un parti de l'opposition. Si pour les députés du PJD l'appartenance à la majorité ne veut pas dire pour autant complaisance dans l'exercice de leur travail de contrôle, leurs alliés au MP se montrant parfois très embarrassés. Pourtant, Mohamed Moubdie, président du groupe parlementaire haraki à la Chambre des représentants, minimise les risques de tension entre les deux partis alliés. «Je pense qu'une dimension disproportionnée a été donnée à ce sujet. Dans tous les gouvernements du monde, ces choses peuvent arriver durant les premiers mois entre les composantes de la majorité. Mais je tiens à préciser que la situation est aujourd'hui maîtrisée au sein de la majorité parlementaire», explique-t-il. Et d'ajouter : «Ce point ne devrait même pas être soulevé au cours de la réunion d'aujourd'hui avec le chef de gouvernement. Le débat portera essentiellement sur la coordination de nos quatre partis alliés au sein du Parlement à quelques semaines de la fin de la session actuelle. Il sera question également de la préparation de la prochaine rentrée politique». En dépit de ce discours rassurant, les observateurs de la scène politique voient, en ce genre de situation, un manque d'homogénéité qui serait à terme nuisible à la majorité actuelle. Celle-ci n'en est pas à sa première difficulté. Le PPS ou encore l'Istiqlal avaient, à plusieurs reprises, fait des remarques sur la manière du PJD de gérer la majorité. Représentativité féminine, cahiers des charges de l'audiovisuel, publication des listes des détenteurs d'agréments de transports, sont autant de sujets qui ont provoqué dans certains cas des divergences entres les partis de la majorité. Mais la préparation des prochaines élections sera sans nul doute le véritable test pour la solidité de la majorité actuelle. Les pronostics vont bon train sur la partie qui aura le dernier mot concernant notamment la préparation des textes électoraux. Traditionnellement, le ministère de l'intérieur gère le dossier, mais le chef de gouvernement a d'ores et déjà annoncé son intention d'introduire des changements à la méthode qui a prévalu ces derniers années. Mais Laenser l'entendra-t-il de cette oreille?