Le monde du design automobile vient de perdre l'un de ses hommes les plus doués qui a marqué son temps. Sergio Pininfarina s'est éteint à l'âge de 85 ans après une soixantaine d'années d'activités couronnées par la création de plusieurs modèles dont le design impressionne toujours et ne laisse pas indifférent. Hommage à un grand homme qui a, certes, disparu mais dont les œuvres ne disparaîtront jamais. La saga de Pininfarina débute avec le père Gian-Battista Pinin Farina (devenu Pininfarina en 1961) qui décide en 1930, soit 4 ans après la naissance de Sergio à Turin, de renoncer à ses fonctions de directeur technique des Stabilimenti Farina, une carrosserie dirigée par son oncle Giovanni, pour créer sa propre société. Les débuts ne furent pas de tout repos mais sa collaboration avec Vincenzo Lancia et l'emprunt d'un million de lires d'une de ses vieilles tantes lui ont permis de se lancer dans l'aventure. Bien qu'il fût plongé dans le monde de l'automobile, Sergio Pininfarina, qui était un pianiste talentueux, voulait devenir chef d'orchestre mais heureusement pour les 4 roues, la passion transmise par son père le rattrape à l'âge de 16 ans. Rejoignant l'atelier, il commence à participer aux grandes décisions dès 1946. La même année, alors qu'ils ont été exclus du Salon de Paris, père et fils décident tout de même de se rendre en France avec deux œuvres qui ont fait sensation et qui ont fait parler des Pininfarina en marge du Salon. Postées devant les marches du Grand Palais parisien qui accueillait les différents constructeurs, l'Alfa Romeo et la Lancia signées du «F» de l'italien posaient les nouveaux jalons du nouveau style transalpin. Cette même année, Pininfarina révèle la fameuse Cisitalia 202 dont le style s'est hissé parmi les plus fascinants de l'époque à tel point qu'elle est exposée au Musée d'art moderne de New York, depuis 1951. Une année plus tard, Pininfarina signe sa plus grosse collaboration avec la marque au cheval cabré, Ferrari. Grâce au premier modèle nommé, 212 Inter, Pininfarina a convaincu Enzo Ferrari d'adopter l'architecture technique à moteur arrière central avec la Ferrari Dino Berlinette Speciale, présentée au Salon de l'automobile de 1965. Une année plus tard et après le décès de son père, Sergio prend la tête de l'atelier de design et anticipe la révolution automobile. Dès sa prise des commandes, épaulé par son beau-frère, Sergio inaugure un nouveau centre d'études et de recherche à Grugliasco, dans la région de Turin et devient le premier à s'équiper d'une soufflerie et à croire à l'informatique. En 1975, il accède au rang de carrossier exclusif de Ferrari et se dote quelques années plus tard d'outils modernes dans le nouveau centre de Cambiano sentant que le numérique allait révolutionner le design automobile. L'une des plus belles œuvres qu'il a signé est sans conteste la Testarossa présentée au Salon de Paris en 1984. 4 ans plus tard, la société des Pininfarina est introduite en Bourse et Sergio, qui a transmis sa passion à ses 3 enfants comme l'a fait son père avec lui, peut compter sur eux puisque Lorenza s'occupe de la communication, Paolo est administrateur délégué de la filiale de design industriel et Andrea a pris la place de son père dès 2001. Ferrari Testarossa, Ferrari 360 Modena, Peugeot 406 Coupé ou encore Alfa Romeo Giulietta tout récemment, le couturier de l'automobile, comme le nommaient certains, laisse derrière lui des voitures qui témoigneront toujours de son talent et son génie. Celui qui a accompagné les différentes évolutions et révolutions qu'a connues le monde de l'automobile peut enfin reposer en paix. Historique : 8 septembre 1926: Naissance à Turin 1950: Diplômé de l'école polytechnique de Turin. Il entre dans l'entreprise familiale. 1966: Il est nommé président de Pininfarina. 1979: Décoré de la Légion d'honneur par Valéry Giscard d'Estaing puis élevé au rang d'officier de la Légion d'honneur par Jacques Chirac en 1997. 1988 - 1992 : Il devient président de la Confindustria. 2005 : L'industriel est nommé sénateur à vie en Italie.