L'Accord commercial Anti-contrefaçon ACTA crée la polémique au Maroc. L'Association de lutte contre le sida (ALCS) et la Coalition internationale pour la préparation aux traitements (ITPC-NA) appellent les parlementaires à rejeter cet accord à l'instar du Parlement européen qui, rappelons-le, vient de le rejeter massivement avec 478 voix contre 39 pour et 165 abstentions. Pour l'ALCS et ITPC, il s'agit d'un accord «antidémocratique qui constitue un obstacle pour la réalisation de l'accès universel aux traitements pour tous». Cet accord signé en janvier 2012 par le Maroc, l'Union européenne, les Etats-Unis, le Japon, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, Singapour, la Corée du Sud, la Suisse, le Mexique avait suscité plusieurs critiques en raison des conséquences négatives qu'il pourrait avoir sur l'accès aux médicaments. Au nom de la lutte contre la contrefaçon, l'ACTA met à mal la circulation des médicaments génériques dans la mesure où ceux-ci sont traités comme de la contrefaçon. Sous couvert de lutter contre les médicaments contrefaits, cet accord restreint l'accès aux médicaments génériques. Pour Hakima Himmich, présidente de l'ALCS, cet accord constitue une menace pour la santé des citoyens. «L'accord dépasse largement le cadre de la lutte contre la contrefaçon et crée délibérément une confusion entre médicaments génériques parfaitement légaux et médicaments contrefaits. Si un tel accord passe, des médicaments génériques indispensables pour sauver des vies pourront être saisis et détruits par les services douaniers de façon abusive sur un simple soupçon de ressemblance avec des médicaments de marque», déplore-t-elle. Même son de cloche du côté des producteurs des médicaments génériques. Ces derniers considèrent l'ACTA comme un réel danger pour la production locale de médicaments et pourrait les exposer à des saisies de matières premières qui sont essentiellement importées de l'étranger et indispensables pour la production. Pour sa part, Othman Mellouk, chargé du plaidoyer en Afrique du Nord auprès de l'ITPC-Afrique du Nord, «le vote du 4 juillet est une grande victoire de la démocratie européenne. Nous félicitons le Parlement européen pour cette sage décision et pour avoir écouté son peuple descendu massivement dans les rues pour dénoncer un accord qui protège les intérêts des grandes multinationales, déjà surprotégés, et ce au détriment du droit des peuples à accéder à la santé et au savoir». Depuis trois ans, des centaines de milliers de personnes ont manifesté contre cet accord «injuste». Une pétition contre ACTA avait recueilli 2,8 millions de signatures.