Plusieurs dizaines de milliers de Marocains ou plus exactement tous les Marocains ont fêté mercredi soir l'exploit des Lions de l'Atlas qui ont atteint la finale de la CAN pour la première fois depuis 1976. Il est évident que ce n'est pas la victoire en soi contre le Mali qui fut derrière l'enthousiasme et la joie éclatante du peuple marocain, mais l'image imposée par une nouvelle génération de footballeurs qui a forcé le destin en émergeant des décombres d'un passé médiocre. Les poulains de Baddou Zaki ont séduit tous les observateurs et les analystes de la 24ème édition de la CAN. Les super-Eagles du Nigeria, les Lions indomptables du Cameroun ou encore les Bafana Bafana censés être les ténors de cette coupe d'Afrique ont été vite relégués en second plan presque en silence. Les projecteurs ont été exclusivement focalisés, dès le second tour, sur la sélection du Maroc qui a épaté des milliards de téléspectateurs. Dès le sifflet final de l'arbitre ivoirien, M. Abubakar qui officiait la rencontre Mali-Maroc, c'est le délire dans pratiquement toutes les villes du Royaume. A Rabat et Casablanca, les centres-villes, étaient fermés à la circulation automobile. Des milliers de personnes, hommes, femmes, jeunes, moins jeunes et plus jeunes ont occupé toutes les chaussées, non seulement aux centres-villes mais jusque dans le fin fond des quartiers populaires et de banlieue. Une incroyable unanimité sur le fait que l'exploit mérite la fête. Même les femmes voilées ont donné libre cours à leur sentiment et n'arrêtaient pas de lancer de très longs youyous face aux caméras de télévision. De hauts responsables, des personnalités de renom ont vécu le même degré d'émotion à l'image de Mohamed Berrada, président-directeur général de la RAM qui était en train de donner une interview à des journalistes, lorsque tout à coup il a détaché le micro de l'enregistreur pour courir devant l'écran en entendant les cris signalant un but des Lions. Le journaliste intervieweur, emporté instinctivement par l'euphorie, a également laissé tomber les propos du P-DG le temps de sautiller en l'air stylo et calepin à la main. Dans les différentes artères des villes marocaines, tout ce qui roule, du vélo au semi-remorque, en passant par les motos, les taxis, les bus et les voitures, saluaient les Lions à coups de klaxons. Il y avait même des tracteurs avec leur remorque pleine de supporters fous de joie dans la ville de Marrakech. A Dakhla, tous les moyens ont été bons pour dire combien les habitants de cette ville du Sud du Royaume ont été touchés à juste titre par cette réalisation exceptionnelle. Hymne national entonné à cœur joie, chants traditionnels, klaxons, les populations locales ont été généreuses dans l'expression de leur fierté de cette performance qui redore le blason du football national. Les habitants de Dakhla, munis du drapeau national et des portraits de SM le Roi Mohammed VI ont fait de leur cité une ville flamboyante en manifestant leur amour des couleurs nationales. Même chose dans toutes les villes du Sahara marocain. Laâyoune et Smara, ainsi que le reste des provinces du Sud du Royaume, ont connu une explosion générale. A l'issue du match, une foule immense, estimée à 60.000 citoyens, a investi les artères et les places publiques de la ville de Laâyoune, au moment où environ 30.000 autres faisaient la fête à Smara. En remontant vers la capitale des Doukkala, un autre tableau de liesse tout aussi idyllique. Juste avant l'explosion de joie, les rues d'El-Jadida lui donnaient l'air d'être une ville fantôme. Les cafés, bondés de clients, ont fermé les portes depuis des heures avant le début du match. Même en triplant les tarifs des consommations, il n'y avait pas de place libre pour les retardataires. Les rares commerçants qui n'ont pas baissé les rideaux s'étaient débrouillés pour s'équiper d'une petite télé qu'ils ont placée sur leurs étals. En l'espace de quelques minutes, les rues désertes ont été investies par des foules en plein délire de joie et de liesse. Il y avait même des femmes âgées brandissant le drapeau national et des portraits de SM le Roi Mohammed VI, battant dans les tambours et entonnant les traditionnelles chansons à la gloire du onze national et de son coach Zaki. Au-delà des frontières, en Europe comme en Afrique, au Moyen-Orient et partout où existe une communauté marocaine, l'endroit a été marqué par la célébration des Marocains de l'exploit de leur équipe nationale de football. A Nouakchott, la capitale de la Mauritanie l'ambiance était à la fête. Des centaines de membres de la communauté marocaine, joints par un grand nombre de Mauritaniens, ont défilé pour clamer leur joie. Parés des couleurs nationales, les foules brandissent les portraits de SM le Roi Mohammed VI parcouraient les rues de Nouakchott. La circulation a été totalement interrompue dans les principales artères de la capitale durant deux heures, sans le moindre incident. Ces scènes de liesse ont été chaleureusement accueillies par les habitants de Nouakchott qui se sont associés à cette ambiance euphorique. Les youyous lancés depuis les balcons par des Mauritaniennes, dans la pure tradition locale, ont donné plus de jovialité à l'événement. Les participants se sont ensuite dirigés vers l'ambassade du Maroc où ils ont demandé à l'ambassadeur de transmettre leurs félicitations à l'équipe nationale. Ce tableau de joie marié à une certaine fierté donne un avant-aperçu sur la Grande fête que célébreront les Marocains lorsque les Lions s'octroieront la précieuse coupe d'Afrique.