Mokhtar et Khaled se sont connus à Tanger. Le premier est un Casablancais et le second un Khouribgui. Leur relation va aboutir à une escroquerie. Mokhtar entre dans un café de Bab Dakhili, à Tanger, s'attable dans un coin donnant sur la rue. Il voulait voir les passants, mais sans s'asseoir sur les chaises rangées sur le trottoir. Il demande un café noir. Le garçon le sert. Ce père de quatre enfants a la quarantaine. Il dispose d'un local commercial à Lokréâ, à Casablanca. Il vend surtout des espadrilles, des survêtements et d'autres effets vestimentaires pour hommes. Il voyage de temps à autre au Nord maroc pour s'approvisionner en marchandises. Il était, cette fois-ci, à Fnideq et à Nador avant d'arriver à Tanger pour passer une journée. Il avait l'intention de quitter, le lendemain, cette"fiancée du nord". Il sirote encore son café noir lorsque cet homme qui s'attable à l'autre coté du café lui sourit. Vraiment, il ne le connaît pas. Mais il doit lui sourire également. L'homme se lève, quitte sa place et rejoint Mokhtar. - Comme si je t'ai déjà vu quelque part, lui confie-t-il. -Je ne crois pas, mais c'est possible, ce sont les montagnes qui ne se rencontrent pas, mais les hommes se rencontrent comme disent nos ancêtres, lui répond-t-il. -Tu permets ? Lui demande-t-il. -Oui, bien sûr. Khaled, trente-huit ans, marié et père de deux enfants. Il arrive souvent à Tanger, non pas par amour de cette ville, mais pour autre chose. Laquelle ? Une conversation s'est engagée entre eux. “Je suis un ressortissant marocain en Italie et plus précisément à Naples, j'y suis depuis cinq ans et demi” explique Khalid à Mokhtar. Ils ont déjeuné ensemble. Mokhtar avait l'intention de regagner, le même jour, Casablanca. Mais Khaled lui a proposé de l'attendre jusqu'au lendemain pour le prendre avec lui à bord de sa Peugeot 405. C'était une belle occasion pour Mokhtar qui a trouvé un bon compagnon. Il l'a invité à un dîner dans un restaurant. C'est là qu'il lui a expliqué qu'il peut l'aider, s'il préfère ou s'il a quelqu'un qui désire émigrer en Italie, à avoir un visa.“J'ai des amis qui me facilitent la tâche surtout à Tanger“ lui précise-t-il. Le lendemain matin. La Peugeot 405 démarre. Sa première destination est Casablanca avant d'arriver à Khouribga, la ville où demeure Khaled. Arrivant à Casablanca, Mokhtar quitte Khaled, ils échangent les numéros de téléphone. Des semaines sont passées. Mokhtar téléphone à Khaled, lui parle de son fils et de la fille de son voisin, qui sont en chômage. Khaled accepte de les aider. Ils ont fixé un rendez-vous. Mokhtar se rend à Khouribga avec en main quarante-cinq mille dirhams. Il les donne à Khaled. “Je te verse le reste de la somme (cinquante mille dirhams) une fois qu'ils arrivent ailleurs“, précise Mokhtar. Khaled accepte. Ils fixent un autre rendez-vous pour la semaine prochaine à Casablanca. Mardi 15 janvier, Khaled est à Casablanca. Le fils de Mokhtar et la fille de son voisin se préparent pour accompagner, le lendemain, Khaled à Tanger. Ils y sont arrivés. Les deux rêveurs de l'Eldorado ont séjourné dans une pension. Khaled leur explique qu'il va leur préparer les visas. Il retourne chez eux le lendemain, leur apprend que son ami entame la procédure nécessaire pour se débrouiller par la suite. “ Vous m'attendez demain matin“ leur dit-il. Ils l'ont attendu le premier jour, le deuxième, le troisième, le quatrième et le cinquième. Ils ont téléphoné à Mokhtar, l'ont informéque son ami a disparu. Le fils de Mokhtar et sa voisine retournent à Casablanca. Mokhtar n'a pas hésité une seconde de se dépêcher vers Khouribga pour chercher Khaled. Il le trouve et alerte la police. Ce n'est pas la première opération de Khaled, il en est à sa dixième.