La fabrication de la déjà fameuse quatrième voie par les services algériens et espagnols, «patriotiquement» relayés par leurs correspondants locaux est la dernière illustration de la volonté de nuire au Maroc. La visite officielle du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali en Algérie exalte d'une manière très remarquable les sentiments maghrébins de Abdelaziz Bouteflika. Lundi soir, ce dernier s'est déclaré dans un toast en l'honneur de son illustre visiteur pour un "Maghreb fort, reposant sur des bases solides et cohérentes dans son fond et dans sa forme". Qui dit mieux ? Après la signature par l'Algérie avec l'UE d'un accord de libre-échange, il semble que le président algérien ait redécouvert la valeur stratégique profonde de notre région et le poids qu'elle pourrait constituer si elle n'était pas lestée par de multiples faux problèmes aussi stériles qu'anachroniques. Le problème du Polisario en est un. L'on ne comprend la démarche unitaire de l'Algérie alors que cela fait plus de vint-cinq ans qu'elle divise la région avec son soutien à la création d'un État supplémentaire, factice et contrefait, dans le Sahara marocain. Nous ne voyons pas l'Union maghrébine, un "projet indispensable" selon Bouteflika, se déployer en même que des démarches scissionnistes sont activement mises en œuvre pour amputer le Maroc de son Sahara. La fabrication de la déjà fameuse quatrième voie par les services algériens et espagnols, « patriotiquement » relayés par leurs correspondants locaux, en est la dernière illustration. Dans ce cadre où la désinformation sert de stratégie, l'affirmation du président algérien qui considère que les "mutations mondiales actuelles nous imposent, de manière pressante, l'entraide, pour sauvegarder nos intérêts et exercer notre rôle positif au plan régional et international » semble plus une manœuvre de circonstance que l'expression d'un idéal unitaire. Quand Abdelaziz Bouteflika annonce que la région maghrébine "s'achemine vers des échéances importantes pour consolider les structures de l'union maghrébine, concrétiser sa présence, renforcer sa crédibilité et l'imposer en tant qu'entité équilibrée et viable aux plans régional et international" cela relève beaucoup plus d'un effet d'annonce dicté par l'événement qu'une approche pragmatique des enjeux de l'Union. Qui mieux que le président algérien actuel connaît la genèse de l'affaire du Sahara marocain. Depuis le début il a été, avec Houari Boumédienne, un artisan zélé dans la création de ce conflit qui obère, aujourd'hui, d'une manière ridicule, face à une Europe qui est déjà au stade de la monnaie unique, l'avenir du Maghreb. "Nous devons faire en sorte que notre union aille de l'avant et la préserver des problèmes conjoncturels en œuvrant à la coordination de nos positions jusqu'à l'aboutissement à une méthodologie politique maghrébine cohérente qui consacre et préserve nos intérêts communs" surenchérit Abdelaziz Bouteflika devant le président tunisien. La seule méthodologie politique maghrébine que nous constatons, dans la réalité, est celle de la division. Celle du choix de Mohamed Abdelaziz et de son rêve chimérique de mercenaire contre, justement, les intérêts communs de la région. Et cela ne dénote pas, comme il l'affirme «d'un éveil et d'une volonté sincère à concrétiser le rêve et l'ambition de générations entières de nos ancêtres». Le rêve et l'ambition de nos ancêtres ont été sacrifiés pour un projet algérien impérial, qui a tourné court et qui a représenté, dans sa philosophie même, la négation de la fraternité maghrébine qui s'est forgée dans la lutte collective pour qu'effectivement l'Algérie soit libre. Et cela Abdelaziz Bouteflika est, toujours et encore, bien placé pour le savoir.