Notre jeunesse a changé, ses attentes sont différentes et le seul local qui vaille c'est LA RUE. Le véritable local où il faut être présent, où il faut agir, c'est LE TERRAIN. C'est une réflexion entendue lors du récent «Chababna» à Casa qui m'a inspiré ce thème, en effet on nous expliquait que de nombreuses associations se créaient mais qu'en fait elles mourraient aussi vite car elles ne réussissaient pas dès le départ à obtenir le minimum vital, c'est-à-dire : Téléphone, fax et photocopieuse ! J'ai alors clairement vu le décalage entre certains «associatifs» et les attentes de la jeunesse, de la population en général. Aujourd'hui les façons de fonctionner des «Maisons de jeunes» par exemple sont dépassées, ringardes tout comme peuvent l'être certaines associations qui expliquent qu'elles ne peuvent agir «faute de local»… Notre jeunesse a changé, ses attentes sont différentes et le seul local qui vaille c'est LA RUE. Le véritable local où il faut être présent, où il faut agir, c'est LE TERRAIN. N'attendons pas que la jeunesse pousse la porte d'un hypothétique local, n'attendons pas qu'elle se plie aux horaires «frileux» des maisons de jeunes, n'attendons pas qu'elle vienne à nous, si le mot militantisme a un sens, il signifie clairement qu'il nous faut aller au-devant de la jeunesse, là où elle vit: investissons LA RUE, car elle est le véritable espace où notre jeunesse «se socialise» tant bien que mal, là où elle «apprend» tout mais aussi là où elle est confrontée à tous les dangers. Envoyons «balader» bureaux, hiérarchie associative «bidon», fax et façon de fonctionner «à l'ancienne» (je parle ici des associations principalement –et sincèrement- désireuses d'être au contact de la jeunesse, d'être au plus près de la population) pour agir là où l'on a besoin de nous. Si locaux il faut, alors concevons les comme de véritables «espaces de vie», des lieux administrés par les jeunes eux-mêmes, des endroits où ils seront amenés à s'auto-gérer et donc s'auto-réguler. Un exemple me vient en tête, celui de Momo, Hicham et Chadwane, les jeunes initiateurs du Boul'vard : c'est sur le terrain qu'ils ont fait «leurs classes», c'est dans des endroits improbables, les pieds dans la boue et les mains dans le cambouis qu'ils ont conquis leur légitimité, qu'ils ont gagné la confiance des jeunes et aujourd'hui la création de leur espace «Le Boultek» est un prolongement de leur action et non pas un aboutissement en soi. Je reste marqué par la vitalité du tissu associatif en France où j'ai beaucoup appris, l'une des raisons de son impact est justement cette faculté à coller à la vérité du terrain, à aller intéresser les jeunes dans leurs réalités, dans leur quotidien. Je voudrais saluer ici le travail de militant initié par le jeune Marocain Omar Alaoui, président de l'association FuturMed, qui a compris que les combats de la jeunesse dépassent les frontières et qui est parti à la rencontre des jeunes de Génération 109 (sang neuf) en région parisienne, pour échanger avec eux… Puisse -t-il utiliser ce qu'il aura vu de positif pour aider notre jeunesse à innover, à sortir du conformisme, des activités mille fois répétées, du cycle des «conférences académiques et autres débats convenus» pour laisser libre cours à leur imagination, à leurs envies.