Les travaux du forum sur les investissements en Afrique du Nord ont démarré hier à Casablanca. Les débats s'articulent autour des avancées dans le processus de création de zones de libre-échange dans la région. Abderrahmane Youssoufi a fait spécialement le déplacement hier à Casablanca pour donner le coup d'envoi aux travaux du Forum sur l'investissement en Afrique du Nord. Le Premier ministre a planté d'emblée le décor. Dans son intervention, il a mis en avant la primauté de l'économique et des marchés sur le politique. Selon le chef du gouvernement, une nouvelle articulation entre ces divers niveaux est en cours. Et de poursuivre que la demande de l'Etat s'exprime avec force là où le marché était triomphant. L'un des enjeux majeurs du Forum sur l'investissement en Afrique du Nord est celui de l'accélération du processus de la construction au niveau régional. A ce niveau, la mise en place d'une zone de libre-échange entre le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie issue de la déclaration d'Agadir datée du 8 mai 2001, ouverte d'ailleurs aux autres pays de la région revient au-devant de la scène. Les signataires de cette déclaration se fixent une année pour la concrétisation de ce projet. Toutefois, les réflexions visant la promotion des investissements au niveau de l'Afrique du Nord doivent se traduire par des actes concrets. Du moins, si l'on en juge par les propos de M. Youssoufi. Malgré le flux important des investissements internationaux engagés depuis les années 90 dans la région, celle-ci n'a pas encore amorcé son intégration de manière dans l'économie mondiale. Tout un chantier. «Dans la sous-région d'Afrique du Nord, la formation brute de capital fixe en 2000 est évaluée à près de 55 milliards de dollars. Ce qui représente moins de 1% de la formation de capital dans le monde et moins de 1,2% des investissements dans les pays développées», estime Abdelilah Ouaqouaq, analyste auprès du Centre de développement pour l'Afrique du Nord. «Les montants investis dans cette zone ne représentent que moins de 3,5% de ce qui est investi dans l'ensemble des pays en développement ou dans les Etats-Unis », est-il ajouté. Dans le même sens, il faut souligner que les investissements dans toute la sous-région d'Afrique du Nord ne représentent que la moitié de ce qui est engagé en sur le continent africain. A la lecture de l'évolution des flux des investissements directs étrangers dans les sept pays de la région à savoir le Maroc, l'Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Soudan et la Tunisie entre 1998 et 2000, on peut considérer qu'il s'agit d'un bilan satisfaisant. En 1998, le total des investissements s'est établi dans ces pays à 2299 millions de dollars pour atteindre les 2616 millions de dollars en 2000. Toutefois, si ce bilan s'avère positif, il est loin d'être promoteur compte tenu de la hausse de ce type d'investissements dans les autres régions du monde notamment l'Asie. Une question mérite alors d'être posé. Comment expliquez la hausse des investissements dans la sous-région d'Afrique du Nord ? Faut-il l'inscrire dans la tendance haussière des investissements sur l'échelon international ou le justifier par les efforts engagés par ces pays pour rendre attrayant leurs potentialités. Les spécialistes sont partagés. Mais, une chose est sûre. Seule, l'évolution des investissements pour les années à venir pourra nous renseigner sur les véritables raisons.