Israël flirte avec la psychologie. Elle envisage de peindre une partie de la barrière de séparation pour atténuer l'impact négatif sur l'opinion des énormes blocs de béton. L'imposant ouvrage, constitué par endroits de dalles de béton de huit mètres de haut est censé empêcher l'infiltration de kamikazes palestiniens. «Nous prenons évidemment en considération plusieurs aspects de clôture, dont l'aspect esthétique, et la peinture est l'une des idées envisagées», a déclaré Jonathan Peled, porte-parole du ministère des Affaires étrangères israëlien. Considéré par les Palestiniens comme un «mur de l'apartheid», la légalité de la séparation doit être révisée par La Haye. D'ailleurs, la Cour suprême d'Israël vient d'entamer des délibérations sur cette ligne de séparation. À ce propos, l'Assemblée générale de l'ONU a voté le 8 décembre 2003 une résolution. Le CIJ doit se prononcer sur les conséquences juridiques de la construction de la ligne, entreprise condamnée par l'ONU. En effet, saisi par des organisations pacifistes nationales, la Cour suprême d'Israël a délibéré pendant deux heures au sujet de la barrière de sécurité qui tantôt prend forme d'un mur, tantôt d'une clôture faite de fils coupants. Elle s'érige comme une frontière entre Israël et la Cisjordanie mais empiète sur les territoires occupés. En effet, la vie des Palestiniens vivant le long de cette ligne est rendue difficile «cependant des dizaines de personnes ont été tuées, on ne peut pas oublier que la vie à Gaza Road à Jérusalem n'est pas facile non plus. Pas plus qu'il n'est facile de mener une vie normale dans les restaurants Maxim ou Matza d'Haïfa», explique le Bureau du procureur d'Israël. Des juristes sont attendus dans quelques jours à La Haye. La Cour internationale de justice a été saisie par les Palestiniens. Ces derniers dénoncent cette ligne qui annexe de plus en plus des terres de leur futur Etat. Le gouvernement de Yasser Arafat envisage de déclarer un Etat indépendant en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-est. Ce projet vient en réponse à l'Etat israélien. Proche collaborateur du président de l'autorité palestinienne, Yasser Abed Rabbo a souligné le sérieux de cette option «Nous ne discutons pas d'un exercice académique. Nous discutons là d'une vraie possibilité» a-t-il affirmé. Par ailleurs, le président du Conseil de sécurité nationale, Giora Eiland, chargé par le Premier ministre Ariel Sharon de superviser le dossier a déclaré lors d'une conférence à Munich que «lors de la planification de la clôture, nous n'avons pas réussi à prévoir les répercussions de la clôture sur la vie des Palestiniens innocents». Selon lui, Israël doit revoir cette séparation «y compris, si nécessaire, en changeant le tracé originel de la clôture». Pour le moment, alors qu'un nouveau tracé doit être présenté aux responsables américains attendus jeudi à Jérusalem, 55 Palestiniens ont déposé des demandes d'indemnisation auprès des tribunaux israéliens. Leurs terres ont été confisquées. Le montant total est de 5,5 millions de dollars.