Lors d'une de mes visites au Salon international de l'édition et du livre, Siel pour les intimes, il m'a été donné d'assister à un débat intense mais trop court sur «La censure de l'Imaginaire» (Quel joli nom pour une chose si laide!). Lors d'une de mes visites au Salon international de l'édition et du livre, Siel pour les intimes, il m'a été donné d'assister à un débat intense mais trop court sur «La censure de l'Imaginaire» (Quel joli nom pour une chose si laide!). Cette rencontre a réuni une belle palette composée de trois écrivains marocains, et non des moindres, une écrivaine d'origine sahraouie au charme exotique et que je voyais pour la première fois et, enfin, une jeune comédienne, belle à croquer, qui revendiquait d'une voix douce mais volontaire, sa fierté pour sa triple identité de femme arabe, amazighe et… libre. Ces cinq personnes aux âges et parcours si différents sont venues parler des déboires qu'elles ont eus, chacune de son côté, avec la censure, ici et maintenant. Si, si, la censure existe encore. Oui, c'est vrai, le printemps démocratique est passé par ici aussi, mais, hélas, mille fois hélas, il n'a pas pu balayer ce truc si hideux et si malfaisant. Je dis «truc» parce qu'en vérité, et comme l'ont si bien développé nos sympathiques invités, on ne sait pas, du moins dans leurs malheureuses expériences, qui censure ni comment ni même pourquoi ? Le, la où les censeurs semblent être des êtres très puissants, mais invisibles et muets. Donc, entre nous, plutôt lâches. Tous les récits rapportés par nos invités faisaient ressortir que leur ennemi commun est un «on» indéfini et inconnu. Mais, tout indéfini et inconnu, qu'il est ce «on» arrive quand même à interdire l'entrée ou la diffusion d'un livre dans le pays, ou l'arrêt d'un film, 4 ou 5 jours après sa sortie légale et officielle. Si ce n'est pas Superman, il doit lui ressembler vachement. Non, ce n'est pas rigolo et ça ne me fait vraiment pas marrer. D'ailleurs, on en a marre de tous ces gens qui, du haut de leur statut (ou leur statue) qui leur sert de cachette, veulent nous empêcher de lire, de voir et même parfois, d'entendre, sous prétexte que ce n'est pas «bien» ! Qui êtes-vous, messieurs ou mesdames ou qu'importe, pour décider pour nous et à notre place? Vous n'êtes ni nos parents ni nos maîtres, et le seriez-vous ou le voudriez-vous, aujourd'hui, vous ne se seriez plus capables de nous interdire quoi que ce soit ! Oui, je veux parler d'Internet, des satellites et de toutes ces inventions géniales qui sont des sortes de pied de nez, voire de bras d'honneur aux censeurs de tout poil (sans jeu de mots). Savez-vous qu'à l'heure où je vous écris cet écrit si dérisoire, a démarré, ici, au Maroc, mais aussi ailleurs, une confrontation, jusqu'à présent juste écrite et orale, entre deux visions, pour ne pas dire deux projets, contradictoires et antinomiques sur l'expression culturelle et artistique. L'une se veut limitatrice et castratrice pour des raisons stupides et largement dépassées par le temps et par les événements. Et l'autre exige, tout simplement, la liberté aux créateurs de créer ce que bon leur semble, la liberté aux artistes d'user de leur art comme ils l'entendent, et la liberté aux citoyens, justement, de lire, de voir et d'entendre tout ce qui leur chante. Dans tous les cas, qu'on le veuille ou pas, chacun fera ce qu'il veut, et Dieu dans la grandeur de Sa miséricorde, reconnaîtra les Siens. Enfin, pour en finir avec ça, je vais redire, parce qu'on ne le dira jamais assez, qu'il n'y a pas, et ne saurait y avoir, de culture «propre» ni d'art «propre». Il n'y a que des censeurs qui ont terriblement besoin de se décrasser les esprits et les mentalités. La censure ne lave pas plus blanc, bien au contraire, elle nous fait voir des idées noires. C'est clair ou je vous fais un dessin ? Bonne méditation aux concernés et bon week-end les artistes.