Selon les professionnels du secteur, les liaisons maritimes directes ne passeront plus par les ports marocains, notamment Tanger Med. L'activité maritime nationale s'apprête à disparaître sous les eaux d'une crise alarmante. Les professionnels marocains tirent la sonnette d'alarme sur une situation critique, menaçant en conséquence ce secteur névralgique qui génère un chiffre d'affaires de 4 milliards de dirhams annuellement et emploie plus de 5000 personnes. Le risque éminent réside dans la concurrence étrangère, notamment le monopole espagnol qui tirerait pleinement profit du «malaise» maritime national. Selon les professionnels du secteur, les compagnies maritimes espagnoles s'accapareront l'ensemble des trafics passagers et des marchandises et les détourneront vers les ports de Sebta et Mellilia. En conséquence, les liaisons maritimes directes ne passeront plus par les ports marocains, notamment Tanger Med pour qui l'Etat a investi des sommes colossales pour sa mise en œuvre. Ce constat a été bel et bien confirmé, récemment, après une grève des employeurs du Tanger Med I et qui a engendré une désertification de l'activité pendant un mois. Décidément, le malheur des uns fait le bonheur des autres ! C'est pour cette raison que le Comité central des armateurs marocains (CCAM) est sorti de son silence pour déplorer un éventuel naufrage du secteur maritime et portuaire national. «Nous appelons le gouvernement à intervenir de manière forte et urgente pour sauver le secteur maritime national. Nous risquons de perdre notre indépendance économique et politique sur nos mers et trafics maritimes», confie à ALM El Mustapha Fakhir, secrétaire permanent au CCAM. Et de poursuivre que les opérateurs maritimes nationaux «souhaitent que l'intervention du gouvernement contribue à installer de la cohérence entre la politique maritime et portuaire et de leur donner un signal fort et motivant pour continuer à produire et à maintenir l'emploi dans le secteur». Le CCAM qui fait partie du réseau des associations maritimes portuaires du Maroc avait adressé, la veille des élections législatives, un mémorandum commun de propositions aux différents partis politiques. «Nos recommandations comportent des mesures sur le court, moyen et long termes visant à préserver le secteur de tout le danger qui le menace», indique M. Fakhir. En chiffres, le secteur maritime réalise 27 milliards de dirhams dont 70 % sont détenus par les compagnies étrangères. «C'est une forte perte en devise pour l'économie nationale, sachant que la plupart des entreprises ne payent pas d'impôt au Maroc», souligne M. Fakhir. Dans ce sens, le CCAM invite le gouvernement à une refonte du code du commerce datant de 1919 ainsi qu'à la mise en place d'une véritable politique incitative à travers le déploiement d'outils de financement innovant contribuant à la modernisation et au renouvellement de la flotte nationale.