Mustapha Khalfi affirme que le programme du PJD est ambitieux et réaliste. ALM : Quels sont les chantiers prioritaires pour le gouvernement Benkirane ? Mustapha Khalfi : Nous avons trois chantiers prioritaires. Le premier étant la lutte contre la corruption. Cela ne veut pas dire que nous allons partir à la chasse aux sorcières. Nous allons mettre en place un nouveau système de gouvernance. Nous voulons que l'impact de ce nouveau système soit ressenti au niveau du climat des affaires, des investissements et de l'efficacité des services publics. Deuxièmement, nous avons le chantier économique. La régression considérable enregistrée au niveau de l'épargne en devise pose d'énormes défis. Donc, la prochaine loi de Finances devra prendre en considération cette donne. En outre, nous estimons que le maintien des équilibres macroéconomiques est l'un des acquis du pays qu'il faudra absolument conserver. Il est question également de promouvoir l'efficacité des investissements publics en réformant le Code des investissements. Qu'en est-il du chantier social ? Pour ce qui est du chantier social, nous avons trois secteurs prioritaires, à savoir l'enseignement, la santé et le logement. Concernant l'emploi, nous allons annoncer bientôt le lancement des primes de stage en faveur de 100.000 jeunes bénéficiaires. Aussi, il est question pour nous de promouvoir la qualité de l'enseignement public qui exige à lui seul annuellement un budget de 48 milliards DH. Au sujet de la santé qui engage annuellement un budget de 11 milliards DH, nous ambitionnons d'assurer une justice par rapport aux services suivant la nouvelle carte sanitaire. Aussi, il est question d'assurer le seuil minimum des services sanitaires pour tous les citoyens. Par ailleurs, nous comptons mettre en œuvre le fonds de solidarité familiale selon une approche plus globale et multiplier par trois le budget qui lui est réservé. Quels sont les objectifs que vous souhaitez atteindre à travers ces chantiers ? A travers les mesures que nous allons lancer dans le cadre des cent premiers jours, nous voulons donner les signes d'un changement profond et progressif pour réconcilier les citoyens avec l'action politique. Pour ce qui est des mécanismes de mise en œuvre de notre programme électoral, nous avons prévu une démarche de concertation avec l'ensemble des acteurs économiques et sociaux. Certains acteurs politiques affirment que votre programme est irréaliste et irréalisable. Que répondez-vous à cela? Lorsqu'on avait dit lors de la campagne électorale que nous ambitionnons de remporter 90 sièges, certains disaient que cet objectif était irréaliste car le mode et le découpage électoraux ne le permettent pas. Et pourtant nous avons finalement remporté plus de 100 sièges ! Notre programme est ambitieux et réaliste car il a comme point de départ un diagnostic de la situation actuelle. Nous avons constaté que le Maroc a enregistré lors des quatre dernières années une hausse considérable des recettes des impôts, à savoir 30 %. Et pourtant les dépenses publiques ne sont ni rationnelles ni efficaces. Nous devons résoudre ce problème. Aussi, il ne faut pas perdre de vue que la corruption fait perdre au budget du pays près de 16 milliards DH, soit 2% du PIB. En luttant efficacement contre la corruption nous pourrons atteindre les objectifs que nous avons tracés.