Le gouvernement argentin devait annoncer samedi dernier son plan de relance économique destiné à lui assurer le soutien de la communauté internationale. Ila repoussé son projet après le désaveu infligé la veille par la Cour suprême. La plus haute juridiction argentine a jugé inconstitutionnelles les restrictions bancaires, le gel des comptes d'épargne et la limitation des retraits qui avaient été décidées début décembre par le gouvernement pour éviter un assèchement du système financier. Le président Eduardo Duhalde, troisième chef de l'Etat argentin depuis décembre, a dû annuler le discours télévisé qu'il devait prononcer vendredi soir. Lors d'une conférence de presse donnée samedi, le président a vivement critiqué la "très grave" décision de la Cour suprême en l'assimilant à un chantage. Jorge Capitanich, secrétaire général du gouvernement, a dit que le cabinet comptait maintenir ses projets et veiller à ce que les banques ouvrent normalement lundi, bien que les autorités de marché aient envisagé une fermeture des banques et des marchés des changes lundi et mardi. Mais un représentant de la banque centrale a déclaré samedi que son directoire devait se réunir dimanche pour confirmer ou annuler cette décision, qui risque d'être très mal accueilli par les Argentins. Ceux-ci ont fait la queue pendant des heures devant les banques ces dernières semaines sous un soleil de plomb pour tenter de récupérer leurs économies qui ont diminué de moitié en dollars à la suite de la dévaluation du peso. On s'était attendu à ce que gouvernement annonce samedi les modalités de remboursement des dettes importantes contractées en dollars, ainsi que d'éventuels allégements fiscaux. Il devait aussi se prononcer sur la restitution de certains dépôts gelés. Soulignant que la décision de la cour - dont certains craignent qu'elle ne déclenche une vague de faillites coïncidait avec une enquête pour népotisme dont font l'objet les magistrats de la Cour, Le président Eduardo Duhalde a dit que les juges avaient soumis le Congrès à un « chantage » en exerçant des pressions pour échapper à cette enquête.