En prévision des prochaines élections, les partis politiques sont appelés à adapter leurs discours, leurs mentalités et leurs stratégies électorales aux dispositions avant-gardistes de la nouvelle Constitution. Dans trois mois, le Maroc devra entamer une nouvelle phase du processus de réforme. Une phase cruciale dans l'avenir du pays. Le vendredi 25 novembre prochain auront lieu les élections législatives. Les premières du genre après la mise en place de la nouvelle Constitution. Cette opération électorale devra donner lieu à une nouvelle composition de la Chambre des représentants dotée de compétences plus élargies en vertu du nouveau texte constitutionnel. Le contexte politique actuel requiert l'urgence de redorer le blason de l'institution législative. L'octroi d'un nouveau visage au Parlement est de nature à augurer d'une nouvelle ère pour réconcilier le citoyen avec l'action politique et lui inspirer à nouveau confiance, condition sine qua non de la réussite du chantier de la réforme. D'ailleurs, SM le Roi a affirmé, à plusieurs reprises, que la Constitution n'est pas une fin en soi. Il s'agit d'un chantier ouvert qui requiert la mobilisation de tous. Mais, qu'en est-il des préparatifs pour des élections aussi décisives? Un peu plus de 90 jours seraient-ils suffisants pour se préparer correctement à relever le défi ? Ces élections ne risquent-elles pas de ne constituer qu'une reproduction des expériences précédentes à défaut d'une bonne préparation? En fait, le volet juridique des préparatifs ne semble pas poser de difficultés majeures. Les projets de lois électorales sont presque fin prêts bien que des divergences de points de vue persistent. Suivant une approche consensuelle, le département de Taib Cherkaoui a tenu à concilier les positions des différents acteurs à propos des lois électorales. Les partis politiques, grands et petits, s'acheminent peu à peu vers le dépassement des divergences à propos de la liste nationale, le seuil électoral et le découpage. Ainsi, la loi sur l'observation des élections, le Code électoral, la loi organique sur les partis politiques, la loi organique sur la Chambre des représentants et la loi sur la révision des listes, fruits du consensus entre les partis, devraient être adoptées à la va-vite au niveau du Parlement dans le cadre de la session extraordinaire prévue pour les jours qui viennent. Ainsi, pour ce qui est du volet juridique, le délai de trois mois semble être largement suffisant, même si l'opération de révision des listes nécessite généralement 52 jours et la campagne électorale 15 jours, en plus d'une dizaine de jours qui seront consacrés à la session parlementaire extraordinaire. «Les textes électoraux seront fin prêts dans les délais fixés. Il n'y a pas actuellement de blocage au niveau des consultations au sujet de ces textes. Les expériences électorales précédentes montrent que les partis font usage de manœuvres politiques de la dernière minute pour obtenir un bon score aux élecions», souligne Saïd Jafri, enseignant à la Faculté de Droit de Settat. «Les partis marocains ne s'attachent jamais fermement à leurs positions préalables. Ils demeurent souples. Ils sont toujours prêts à s'inscrire dans un consensus national pour faire bouger les choses», souligne M. Jafri, précisant que nonobstant les positions actuelles de certaines formations, les partis parviendraient facilement dans les prochains jours à déboucher sur un consensus au sujet des lois électorales. Ceci dit, ce qui semble poser des difficultés c'est le volet politique des préparatifs. Les partis parviendront-ils à contribuer positivement au chantier de la réforme en constituant un premier rempart contre les fraudeurs des élections qui ont défiguré le paysage politique marocain ? Parviendront-ils à mettre en place une nouvelle élite politique ou bien limiteront-ils à présenter les mêmes candidats aux citoyens ? Selon les observateurs de la scène politique, ce deuxième niveau de la préparation présente des difficultés (Voir entretien ci-dessous). La réussite du chantier de la réforme exige aux partis d'adapter leurs discours, leurs mentalités et leurs stratégies électorales aux exigences de la nouvelle Constitution.