Un document commun présenté à l'Intérieur. Ils demandent la suppression du seuil, l'accès au financement, l'accès aux médias dans les mêmes conditions que les grands partis. La date des élections étant maintenant connue, il reste à se mettre d'accord sur les règles du jeu. C'est l'objet des projets de loi actuellement en discussion entre le ministère de l'intérieur et les partis politiques. Mais tous se sont pas logés à la même enseigne. Si les grandes formations sont relativement préparées et rodées, il n'en est pas de même pour les petites. Et c'est pour cette raison que 16 partis politiques qui ne sont pas représentés au Parlement ont décidé d'unir leurs voix en espérant peser dans les discussions actuelles. Ces partis, parmi lesquels on retrouve, entre autres, le Parti marocain Libéral, Al Ahd Addimocrati ou encore Mouvement démocratique et social (voir encadré) s'élèvent contre ce qu'ils qualifient de «tentatives de leur exclusion» de la part des partis majoritaires et dressent un cahier revendicatif qu'ils comptent soumettre aux pouvoirs publics dans les jours qui viennent. Mardi 16 août, une réunion devait se tenir entre le ministère de l'intérieur et les représentants de ces 16 partis mais elle a été reportée à la dernière minute. Contacté par ALM, Mohamed Zyane, porte-parole provisoire de ce groupe, affirme que Taib Cherkaoui, ministre de l'intérieur, lui a demandé de présenter par écrit les doléances de ces 16 partis en lui promettant de les examiner dans les brefs délais, notamment dans le cadre des prochaines réunions. Que demandent-ils exactement ? Les doléances de ces partis se résument à 5 points. Ils réclament en premier lieu la suppression du seuil électoral. Ils s'opposent catégoriquement au seuil de 6% proposé par l'Intérieur et les grands partis ou celui de 3% proposé par d'autres formations. «Le seuil de 6% ne profite qu'à 4 ou 5 partis politiques. C'est un cadeau électoral qui leur est fait et cela nous élimine d'office de la Chambre des représentants. Nous appelons à sa suppression», précise Chakir Achahbar, secrétaire général du Parti du peuple, dans une déclaration à ALM. La deuxième doléance des 16 partis se rapporte au financement public. Ils réclament, dans ce sens, que tous les partis profitent de ce financement et sur le même pied d'égalité. Ils s'opposent, ainsi, au mécanisme de financement forfaitaire de 3 et de 5% proposé par le ministère de l'intérieur dans le cadre de la loi organique sur les partis politiques. Le groupe des 16 demande, en outre, un accès équitable aux médias publics leur permettant de défendre leurs programmes politiques au même titre que les autres partis. La quatrième doléance concerne le financement de la campagne électorale. Ils veulent, dans ce sens, bénéficier du préfinancement au même titre que les partis représentés au Parlement. Le cinquième point, quant à lui, se rapporte au mécanisme de l'union des partis politiques. «Le mécanisme de l'union des partis tel que prévu par le projet de loi organique sur les partis n'a aucun intérêt politique. On a privé cette union de toute teneur politique. On dit qu'on veut combattre la balkanisation mais on ne prévoit pas de mécanismes juridiques pour faciliter les regroupements», précise M. Achahbar. Le groupe des 16 petits partis affirme que ces cinq points ne conditionnent pas leur participation aux prochaines élections, mais ils constituent «le seuil minimum permettant de déboucher sur un consensus» en prévision des prochaines élections. «Le groupe des 16 partis est une coordination spontanée qui n'a pas été préparée», indique M. Zyane, secrétaire général du PML. Ce dernier tient à rappeler que les 16 partis constituent ensemble une force politique non-négligeable. «Il ne faut pas perdre de vue que ces 16 partis avaient obtenu 13% des voix lors des élections du 7 septembre 2007, ce qui dépasse de 3% le score obtenu par le parti de l'Istiqlal», ajoute-t-il. Et d'ajouter que «nous avons pu obtenir ce score sans le soutien de l'administration, ni un financement consistant du ministère de l'intérieur. En plus, nous n'avons pas bénéficié d'un accès équitable aux médias. Si cela avait été le cas, nous aurions pu facilement atteindre les 20% des voix». Selon des sources concordantes, les représentants des 16 partis qui avaient tenu une réunion de concertation le week-end dernier se sont limités à se mettre d'accord sur leurs revendications adressées au département de Taib Cherkaoui. Dans ce sens, ils n'ont pas évoqué la possibilité de constituer une alliance politique en prévision des prochaines élections. Selon les observateurs de la scène politique, le contexte politique actuel de l'après adoption de la Constitution met plus en valeur la nécessité de la rationalisation de la vie politique et de la lutte contre la balkanisation. Les 16 partis sont aujourd'hui certainement conscients du fait que leur coordination leur a permis d'avoir un impact plus visible et plus consistant notamment dans le cadre de l'élaboration des projets de textes électoraux au lieu d'agir chacun pour soi. Dans ce sens, la possibilité de mettre en place une alliance n'est pas à écarter. Un peu de tout… Les 16 partis que constituent le groupe sont le Parti marocain libéral, Al Ahd Addimocrati, le Mouvement démocratique et social, le Parti du peuple, le parti Al Amal, le Parti démocratique national, le Parti de la société démocratique, le Parti du centre social, le Parti de l'action, le Parti de l'unité et de la démocratie, le Parti des forces citoyennes, le Parti de la réforme et du développement, le parti de la Choura, le Parti de la renaissance et de la vertu, le Parti de la liberté et de la justice sociale et le Parti de l'union marocaine démocratique.