L'Association Hadaf organisera le 11 juin à Rabat son 1er colloque sous le thème «L'intégration : un parcours…, une vie…». La présidente Amina Msefer explique les objectifs de ce colloque et les principaux obstacles à l'intégration des personnes en situation de handicap mental. ALM : Quels sont les objectifs de ce 1er colloque ? Amina Msefer : Ce colloque a pour but précis de contribuer à l'amélioration de l'image des personnes en situation de handicap mental. Nous voulons que les citoyens regardent ces personnes autrement. La société doit adopter une attitude intégrante envers ces personnes qui ont les mêmes droits que n'importe quel citoyen. Il faut que leurs droits soient reconnus pour une meilleure insertion au sein de la société. Les personnes en situation de handicap mental ont leur place dans la société comme citoyen à part entière. L'intégration de ces personnes sous différents aspects : psychologiques, sociologiques, économiques et juridiques, est le thème qui a été retenu pour cette rencontre. Ce colloque sera l'occasion pour les jeunes d'apporter leurs témoignages en racontant leurs quotidiens. Leurs familles seront également présentes pour faire part de leur combat au quotidien. Pour leur part, les employeurs témoigneront de l'impact de l'expérience d'embauche de personnes en situation de handicap mental. L'ambiance de travail, les relations avec les autres employés, leur capacité, leur aptitude, leur assiduité au travail seront les principaux points qui seront traités. Les personnes présentant un handicap mental peuvent apporter une plus-value sur le plan économique. Encore faut-il leur donner une chance. La problématique de l'intégration des personnes en situation de handicap mental est le thème central de cette manifestation. Comment évaluez-vous la situation au Maroc ? Durant ces dernières années, les choses ont évolué. Ces changements ont été perceptibles à travers plusieurs actions : la scolarisation des personnes en situation de handicap avec la création des classes intégrées, l'attribution de bourses pour ces personnes sans oublier la contribution de l'INDH et la loi 14-05 relative aux conditions d'ouverture et de gestion des établissements de protection sociale. Malgré ces avancées, il reste encore beaucoup à faire. De nombreuses familles n'ont pas de mutuelle et de travail stable. Et par conséquent, ils ont beaucoup de difficultés à prendre en charge leurs enfants qui souffrent d'un handicap mental.C'est pourquoi il faut donner des allocations pour les personnes handicapées mentales. Par ailleurs, les bourses qui sont octroyées par le ministère du Développement social, de la famille et de la Solidarité sont insuffisantes. La prise en charge de ces personnes passe par l' accompagnement et pour cela , il faut former des éducateurs .Seul hic, il y a un véritable problème qui réside au niveau du statut de ces personnes qui ne sont pas reconnues. Il faut aussi leur donner les moyens financiers pour réaliser un travail correct. Selon vous, comment peut-on œuvrer pour l'insertion sociale et professionnelle de ces personnes ? Il est possible d'intégrer ces personnes en milieu protégé ou en milieu ordinaire. Dans le premier cas, il s'agit d'encadrer ces jeunes au sein d'un centre spécialisé où ils peuvent travailler selon leur propre rythme et dans des conditions appropriées. A titre d'exemple, il peut s'agir d'activités de conditionnement , de mise en sachet .Ainsi , des entreprises peuvent effectuer des commandes. Il est aussi possible d'aider les personnes en situation de handicap mental à travers la création de coopératives. A noter à ce sujet, que ces personnes au-delà de 18 ans restent sous la tutelle de leurs parents ou d'un tuteur désigné. Quant à l'intégration en milieu ordinaire c'est-à-dire au sein d'une entreprise, il faut un travail de préparation en amont c'est-à-dire qu'il faudra expliquer à la personne en quoi consiste le travail qu'il aura à effectuer et la mettre en sécurité. Aucune intégration ne peut se faire sans un suivi et un accompagnement. L'Association en bref Créée en 1997 à l'initiative de parents et amis des personnes handicapées mentales, et placée sous la Présidence d'honneur de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Amina, l'Association Hadaf a pour objectifs de contribuer à l'insertion sociale et professionnelle de ces personnes ,de les aider à faire face à leur handicap en leur permettant grâce à des activités créatives et productives de renforcer leur confiance dans leurs potentialités et développer celles-ci. L'Association a également pour but d'accompagner les familles des personnes handicapées mentales, de sensibiliser l'opinion publique aux problèmes de la déficience mentale. Parmi les principales réalisations de l'Association figurent la création du centre socioprofessionnel Hadaf, d'une maison d'accueil Dar Diaf, d'une boutique pour l'exposition et la vente des produits réalisés par les jeunes des ateliers.