Un cycle de conférences a été inauguré, jeudi 19 mai à Rabat, à l'occasion de l'ouverture du nouveau musée de Bank Al-Maghrib. «La monnaie en tant que vecteur de communication à travers les époques». Tel était le thème de la 1ère conférence de presse organisée, jeudi 19 mai, au nouveau musée de Bank Al-Maghrib (BAM) à Rabat après avoir fait l'objet d'un projet scénographique en 2009. Un événement précédé d'une visite guidée de ce nouvel espace qui abrite des collections de quelque 1200 monnaies, objets, instruments monétaires et billets de banque et un fonds de 30.000 documents inédits retraçant l'histoire monétaire du Maroc. Aussi dévoile-t-il, pour la première fois, le patrimoine pictural, l'histoire et les missions de BAM. Une occasion pour rendre hommage aux éminents artistes marocains et étrangers. Ce sont quelque cinq cents œuvres d'art qui sont exposées dont environ quatre-vingt de façon permanente. Une collection qui a aussi trait aux univers de la monnaie, de l'économie et de la finance. Le nouveau musée de BAM dispose également d'un espace métiers de la banque. Ce pavillon remonte à l'histoire et présente l'évolution des grandes missions de la Banque centrale du Maroc dans son environnement national et international. Quant à l'évolution de la monnaie, qui emprunte de plus en plus les modes de communication de masse, elle a été retracée par les intervenants à la conférence de presse organisée à cet effet. Dans ce cadre, Fatima Zahra Harrif, professeur-enseignant chercheur en histoire à l'Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine (INSAP), a présenté les différents aspects de la monnaie. «Le domaine numismatique informe sur certains systèmes politiques. C'est le cas des villes dites autonomes comme Tingis, Lixus, Tamuda, Sala», a-t-elle révélé. Cette professeur a également dévoilé que la monnaie livre les portraits de certains rois tels que Ptolémée et le nom de certaines capitales à l'instar de Shemesh, la première capitale du Maroc. Mme Harrif a aussi présenté l'aspect économique de la monnaie qui reflète la prospérité des cités. Selon cette professeur, la monnaie a été également marquée par un aspect culturel. Ainsi, les recherches archéologiques ont permis la découverte de nombre d'inscriptions, c'est le cas de Bocchus qui a utilisé l'écriture phénique. La langue latine a aussi fait son apparition sur la monnaie. «La monnaie a servi de moyen de propagande à travers le pouvoir des mots», a ajouté Mme Harrif. Pour sa part, Abdelaziz Touri, professeur Enseignant chercheur en histoire à l'INSAP, a abordé la question de la monnaie aux époques islamiques. «La frappe de monnaie est un acte de souveraineté. Quand une dynastie frappe monnaie, elle adresse des messages aux ennemis. C'est une manière d'affirmer le pouvoir et de se prémunir des dangers», a-t-il évoqué. Et d'enchaîner : «La démarche des dynasties est la même. Il s'agissait de maintenir pour un temps le système prédécesseur ». Quant à Roger Pfund, concepteur, designer de billets de banque et conférencier international – Suisse, il a passé au peigne fin l'évolution des billets de banque jusqu'à l'apparition de l'euro.