La Banque mondiale a mis en avant de nouvelles méthodes pour prévenir les conflits favorisant l'emploi et l'égalité. La forte croissance économique seule ne permet pas de réduire la pauvreté et le chômage qui font naître les conflits et la violence, estime la Banque mondiale, remettant ainsi en question une idée endossée depuis longtemps par les institutions internationales. Le rapport sur le développement mondial de la Banque mondiale, publié dimanche soir, montre que plutôt qu'une forte croissance économique, l'accès à l'emploi, à la sécurité et à la justice sont des éléments primordiaux pour mettre fin aux cycles de violence politique et criminelle. «L'importance du chômage et des inégalités peuvent s'ajouter à la faiblesse d'un gouvernement ou aux problèmes de corruption, de responsabilité publique, de respect des droits de l'homme, entraînant dès lors des risques de conflit et de violence», a déclaré Sarah Cliffe, l'un des principaux auteurs du rapport. De telles conclusions font écho à la vague de protestations qui ont touché ou touchent encore les Etats du monde arabe, de la Tunisie à l'Egypte en passant par le Yémen, la Jordanie, la Syrie, le Bahrein, ou encore la Libye où le régime lutte actuellement pour sa survie. La Tunisie et l'Egypte affichent des taux de croissance annuels moyens de 5% ou plus, ce qui devrait suffire à réduire la pauvreté. Mais cette dynamique ne profite pas aux populations et conduit davantage à la répression, la corruption et la hausse du chômage. La Banque mondiale montre que dans les pays qui ont mis fin aux périodes de violence et de conflit, les gouvernements se sont en priorité concentrés sur des réformes dans les domaines de la sécurité, de la justice et de l'emploi. Et à chaque fois qu'un de ces éléments a manqué, la transition a généralement échoué. «Si nous voulons mettre fin aux cycles de violence et atténuer les tensions qui les provoquent, les Etats doivent développer des institutions nationales plus légitimes, responsables et capables de garantir aux populations la sécurité, la justice et l'emploi», a dit le président de la Banque mondiale Robert Zoellick. Le rapport indique que dans les pays en période de transition après un conflit, les gouvernements ne peuvent pas résoudre les problèmes seuls mais doivent former des coalitions avec la société civile pour obtenir du soutien. Les dirigeants doivent également pouvoir revendiquer deux ou trois «succès rapides» pour générer de la confiance au sein de la population, comme le montrent les exemples d'Haiti, de l'Afrique du sud, de l'Irlande du Nord, du Rwanda, du Cambodge, de la Colombie ou encore du Liberia qui ont eux aussi eu leur lot de violence et de conflit. Le rapport met en avant cinq méthodes pratiques utilisées par différents pays pour inscrire des mesures rapides de rétablissement de la confiance dans un cycle réformateur à plus long terme.