Le passage du secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD) sur le plateau de l'émission Hiwar, hier mardi 5 avril, a démontré encore une fois, la dualité du discours de ce parti islamiste. Les téléspectateurs qui ont pu suivre l'émission ont constaté que Abdelilah Benkirane a tenu un discours totalement contradictoire avec les positions exprimées par Mustapha Ramid, cinq jours auparavant dans l'émission « Noukat Ala Al Hourouf » de 2M. Si M. Benkirane affirme son attachement total et entier à la Monarchie et à la Commanderie des croyants, l'avocat islamiste, lui, avait défendu une approche qui ôterait toutes les prérogatives décisionnelles à l'Institution Royale. M. Ramid, l'un des rédacteurs essentiels des propositions de réforme constitutionnelle du PJD présentées à la Commission Mennouni, est allé jusqu'à proposer la création d'un Haut Conseil d'Etat chargé de gérer toutes les affaires relatives à la sécurité, la défense nationale et la nomination des hauts responsables. Une sorte de « comité de gestion collégiale » de l'Etat. Des propositions qui ont poussé le Conseil national du PJD, présidé par le modéré Saâd Eddine Othmani, à préparer un amendement à la proposition faite par le secrétariat général qu'il compte envoyer incessamment à la Commission Mennouni. Toutefois, ce qui semble être une tentative des modérés du parti de vouloir rectifier le tir n'est qu'une manière de jouer un double jeu, chose à laquelle les islamistes du PJD ont habitué les observateurs de la vie politique nationale. Un clan qui prône un discours radical et un clan qui appelle à la modération est une manière de s'assurer d'être « gagnant » quel que soit le résultat. PS : L'un des teneurs du discours modéré au sein du PJD, Lahcen Daoudi, s'est retiré du plateau de l'émission Hiwar avant la fin de l'émission suite aux propos sarcastiques tenus à son égard par Abdelilah Benkirane qui l'a qualifié, à un certain moment de l'émission, de « Ahardane du PJD ».