Le projet de réforme de l'audiovisuel est entouré de la plus grande discrétion. Le SNPM met l'accent sur certains préalables, en attendant d'être officiellement invité à débattre du texte. Le projet de réforme de l'audiovisuel n'en est pas à son premier jet. La question a marqué l'actualité à maintes reprises. Elle a également exacerbé le débat, donnant même naissance à un forum pour la démocratisation des médias audiovisuels, qui a organisé récemment un sit-in devant les locaux de la radio télévision marocaine (TVM). La question est en effet de celles qui déchaînent les passions, tant la situation de l'audiovisuel marocain correspond si peu aux avancées réalisées par le pays dans différents domaines, dont certains, autrement plus sensibles. Aujourd'hui, une commission interministérielle est en passe de se pencher sur le dossier qu'on a entouré de la plus grande discrétion. A telle enseigne d'ailleurs, que même auprès du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) on ne peut se prévaloir que d'une sorte de morasse de grandes lignes, en attendant de prendre une connaissance détaillée du projet de réforme, dont on dit le ministre de la communication Mohamed Achaari, l'un des principaux initiateurs. Qu'à cela ne tienne. Le débat, quel qu'il soit ne peut aboutir, estime-t-on au SNPM, qu'une fois qu'on aura réglé un certain nombre de préalables. Ils se résument en deux grands points, explique Younès Moujahid, secrétaire général du SNPM, l'un d'ordre structurel et juridique et l'autre d'ordre pratique. Ainsi, le premier grief du syndicat concerne cet éternel monopole de l'Etat, que l'on estime contraire à toute perspective d'évolution du secteur de l'audiovisuel. La question est ramenée à un degré de « quasi-souveraineté » estime Younès Moujahid, puisque l'ensemble du secteur audiovisuel au Maroc est monopolisé par l'Etat et que même les initiatives qui ont aboutit dans ce cadre, ne l'ont été qu'à travers des « concessions », comme s'il s'etait agi « d'une mine à exploiter pendant un certain nombre d'années ». Ce qui nous ramène à une situation de double monopole, l'un entraînant immanquablement l'autre, ajoute-t-il. Cette situation perdurera, estime-t-on au syndicat, tant qu'une loi réglementant le secteur ne sera pas mise en vigueur. C'est sur cette base que le Forum pour la démocratisation des médias audiovisuels à travaillé, élaborant une sorte de plate-forme de nature à faciliter les concertations entre les différents acteurs, au moment de discuter de la nouvelle réforme. Sur le plan de la pratique, la situation des journalistes exerçant dans les médias audiovisuels publics est toujours au centre des préoccupations. Si, convient-on au SNPM, les journalistes de la chaîne de télévision 2M ont pu bénéficier d'une convention collective qui a permis d'améliorer relativement leur situation, leurs confrères de la TVM ne peuvent en dire autant. Ils demeurent toujours assimilés à des fonctionnaires de l'administration publique, qui à ce titre sont assujettis à un certain nombre de dispositions matérielles et morales, en totale discordance avec la nature et les exigences de leur fonction. Toute évolution de la situation passe par un changement de ce statut, affirme Younès Moujahid. C'est dans cette perspective que le syndicat attend de voir dans quelle forme seront déclinées les sociétés d'Etat dont il est question dans la future réforme. Mais déjà on met en garde contre toute tentative de suppression d'emplois, « comme s'il s'agissait d'une simple privatisation ». Pour le reste, le syndicat réserve sa réaction, tout en prévenant que cet éventuel nouveau cadre de « sociétés d'Etat », devra offrir des garanties matérielles et morales d'épanouissement des journalistes, préciser les obligations, mais aussi les droits et consacrer la spécificité du travail journalistique.