Trois ravisseurs dont une femme ont été arrêtés à Oujda pour avoir kidnappé un fkih qui demeure à Fès et demandé à son frère une rançon de 200.000 dirhams. «Allo ! Ton frère est entre nos mains à Oujda.… Nous pouvons tout lui faire si tu ne cèdes pas à notre demande. Nous te le passerons pour qu'il t'explique nos exigences. N'alerte pas la police. Sinon, tu ne le verras jamais». Nous sommes à Tan Tan, dans la région de Guelmim-Smara, à trois cent trente kilomètres au sud de la ville d'Agadir. C'est là que ce père de famille a reçu cet étrange appel téléphonique. Il ne connaissait pas celui qui lui a parlé, ni de quelle ville il lui a téléphoné ni pourquoi il lui a parlé de son frère qui devait en principe être chez lui à Fès et non à Oujda. Il s'est jeté dans un gouffre de questions sans réponses. Son frère est-il vraiment entre les mains des éléments d'une bande ? Qui sont-ils ? Peuvent-ils le tuer ? Pour quel mobile ? Que devrait-il faire pour le sauver? Devrait-il alerter la police ? Et s'ils mettent leur menace à exécution ? Ou s'agissait -il uniquement d'un ami qui voulait blaguer avec lui ? Tout d'un coup, son téléphone portable sonne une fois encore. «Allo !», a-t-il dit d'une voix tremblante. Son interlocuteur était cette fois-ci son frère, le fkih, celui qui demeure à Fès. En sanglotant, le fkih lui a expliqué qu'il a été kidnappé par une bande de malfaiteurs, qu'il est séquestré dans un endroit qu'il n'arrive pas à repérer, que ses ravisseurs réclament une somme de deux cent mille dirhams pour le relâcher et il l'a supplié enfin pour ne pas aviser la police et obliger les malfrats à mettre fin à sa vie. La communication a été coupée. Quelques minutes plus tard, il a reçu un nouvel appel téléphonique. L'un des ravisseurs était à l'autre bout du fil : «Je crois que tu as bien compris. Vingt millions de centimes pour libérer ton frère et sans avertir la police, compris!». Le père de famille a expliqué à son interlocuteur qu'il ne pouvait pas rassembler cette rançon aussi lourde. En fait, ils ont marchandé pour se fixer sur un montant de cent mille dirhams. Le frère de la victime a décidé de leur envoyer la somme pour qu'ils relâchent son frère. «Tu dois envoyer, le plus tôt possible, la somme de cent mille dirhams sous forme d'un mandat à la Poste centrale à Oujda au nom de… », lui a expliqué l'interlocuteur qui lui a donné le nom d'une femme et lui a dit les risques que son frère encourt s'il ose avertir la police. Ce père de famille lui a promis de ne pas aviser la police. Une promesse qu'il n'a pas tenue puisqu'il s'est dépêché aussitôt vers le commissariat pour alerter le chef. Rapidement, la police d'Oujda a été contactée par celle de Tan Tan. La coordination entre les sûretés des deux villes était nécessaire pour récolter le bon fruit. De la Poste centrale de Tan Tan, le frère a envoyé un mandat de 100.000 dirhams au nom d'une femme. À la Poste d'Oujda, une femme l'a reçu. Quand elle l'a mise dans son sac à main, les limiers l'ont arrêtée. Ils l'ont conduite au commissariat de police. Elle a avoué être membre d'une bande qui a décidé d'enlever des victimes et les séquestrer pour réclamer enfin des rançons à leurs familles. Leur première opération était celle du fkih. Suite aux instructions des limiers, la femme est arrivée à rassurer les membres de la bande afin de la rencontrer juste au quartier El Qods pour leur remettre la rançon. Après un coup de téléphone de la part de la femme, les membres de la bande étaient au rendez-vous, en compagnie du fkih. Mais, ils ignoraient qu'ils étaient encerclés par la police. Les deux ravisseurs ont été arrêtés. Mais un troisième qui surveillait les lieux a pris la fuite. Son arrestation n'est qu'une question de temps.