Bagdad a été le théâtre de plusieurs graves incidents au cours des dernières heures: un attentat au camion piégé qui a fait une douzaine de morts et des dizaines de blessés devant l'ambassade de Jordanie, une fusillade au cours de laquelle des soldats américains ont été tués et des attaques de véhicules à la grenade. Par ailleurs, avec l'invasion étasunienne, l'Etat irakien s'est effondré et n'a pas été remplacé. Terrorisé par de mystérieux gangsters, les Irakiens n'osent plus se déplacer. Dans le centre du pays, les femmes se terrent chez elles par peur d'être kidnappées Pour revenir à l'attentat de jeudi, rien ne permettait de penser pour que des diplomates jordaniens aient pu être tués, mais certains figurent peut-être parmi les blessés, a déclaré à Reuters à Amman le ministre jordanien de l'Information, Nabil al-Charif. "Il s'agit d'un acte terroriste lâche que nous condamnons dans les termes les plus vifs. Il ne nous détournera pas de la voie choisie, celle du soutien et de l'aide au peuple irakien ou au processus de stabilisation", a déclaré Nabil al-Charif. La Jordanie a annoncé il y a une semaine avoir accordé l'asile aux deux filles aînées de Saddam Hussein, Raghd et Rana, ainsi qu'à leurs enfants. Certains partisans de l'ancien président irakien considèrent la Jordanie comme un allié de Washington et se sentent trahis par Amman qui, estiment-ils, ne les a pas soutenus au moment de l'invasion de l'Irak par les forces américano-britanniques. Pendant ce temps, les attaques contre les troupes américaines se multiplient à un rythme effarant. La série d'actions hostiles a fait plus de 55 morts dans les rangs américains en Irak depuis que le président George Bush a déclaré achevé le gros des opérations de combat, le 1er mai dernier. Jeudi, c'est un véhicule militaire américain Humvee qui a été attaqué à la grenade RPG par des inconnus dans le centre de Bagdad, faisant des victimes côté américain, ont indiqué des témoins. Il règne une véritable terreur à Bagdad. Les femmes sont enlevées, violées puis relâchées dans la nature. Le danger est réel. Une révolte gérable contre l'occupation est en train de prendre forme. L'après-guerre n'a pas été préparée par l'Administration Bush. Ses soldats manquent de directives. Avec l'insécurité grandissante, ils sont en proie à une peur bleue. Les jours se suivent et se ressemblent pour eux, dans un pays où l'insécurité est persistante, la reconstruction économique a du mal à démarrer et où le remodelage politique reste toujours flou. Résultat de plus en plus d'attaques contre les occupants, ce qui fait qu'en retour, les forces anglo-américaines focalisent sur une seule chose ; garantir la sécurité de leurs soldats, et ce au détriment de leur objectif initialement affiché, réorganiser les structures économiques et politiques du pays qu'ils sont censés avoir libéré de la dictature. Comme pour compliquer davantage cet état de fait, l'espoir de George Bush de mettre la main sur Saddam Hussein « mort ou vif » s'amenuise. L'Administration américaine semble réaliser qu'il est temps de résoudre l'énigme Saddam car l'incertitude sur le sort du président déchu donne une motivation aux bassistes, membres de l'ancien régime, qui continuent à se manifester et à espérer son retour.